En 1989, le zoologue spécialiste des grands singes, Michael A. Huffman, observe des chimpanzés mangeant dans la nature des feuilles de vernonie pour traiter leurs infections parasitaires. [1]
La vernonie était, en Afrique tropicale, bien connue par les êtres humains pour ses vertus médicinales.
Mais quelle surprise de découvrir que les singes les connaissaient eux aussi !
La vernonie est très appréciée par les Camerounais, Béninois, Gabonais et Nigérians pour faire des soupes, des boulettes cuites avec de la viande.
Au Cameroun, ses feuilles hachées et blanchies sont préparées pour une spécialité locale, le Ndolé avec des arachides, de la viande ou des crevettes. Plante amère, elle est aussi employée à la place du houblon pour une bière locale.
Chaque pays africain a ses propres remèdes avec la vernonie. Elle est parfois mangée, macérée, souvent utilisée séchée pour des décoctions, pour lutter contre les vers intestinaux, la fièvre, la diarrhée, la dysenterie,
Au Nigéria, on se sert des feuilles pour appliquer sur les plaies, comme on le ferait avec la teinture d’iode.
Les extraits de racine sont utilisés contre le paludisme et les maladies gastro-intestinales.
Une étude publiée dans le Nigerian Journal of Physiological Sciences en 2005 témoigne d’une amélioration des taux de triglycérides et de la glycémie chez des rats diabétiques, grâce à une simple infusion de vernonie. [2]
En Occident, la vernonie fait l’objet de recherches contre :
En Europe, on trouve parfois la vernonie dans les marchés ethniques.
Le problème est qu’elle n’est pas toujours bien identifiée sur le plan botanique. Les appellations varient selon les origines et les dialectes locaux : on l’appelle Grawa en amharique, Ewuro en yoruba, Etidot en Ibibio, onugbu en igbo, Ityuna en tiv, Oriwo en édo, chusar-doki en haoussa, Mululuza en luganda, labwori en acholi et olusia en luo (pour mes lecteurs qui connaissent les dialectes africains).
La preuve que l’herboristerie a encore quelques progrès à faire pour se décloisonner et livrer ses trésors équitablement à travers le monde. Mais on progresse !
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
[1] Michael A. Huffman et Mohamedi Seifu, « Observations on the illness and consumption of a possibly medicinal plant Vernonia amygdalina (Del.), by a wild chimpanzee in the Mahale Mountains National Park, Tanzania », Primates, vol. 30, 1989, p. 51–63
[2] Nwanjo HU, « Efficacy of aqueous leaf extract of Vernonia amygdalina on plasma lipoprotein and oxidative status in diabetic rat models », Nigerian J Physiological Sciences, vol. 20, nos 1-2, 2005, p. 30–42
[3] https://mct.aacrjournals.org/content/4/6/1004
Mes 3 plantes médicinales préférées à cueillir en hiver Chère lectrice, cher lecteur, La nature est humide et silencieuse, les cou...
Chère lectrice, cher lecteur, Vous connaissez peut-être cette légende. L’une des raisons de la victoire des Alliés contre l’Allema...
Chère lectrice, cher lecteur, Je me suis promené cet été dans les Alpes avec mon ami Kurt Hostettmann, un éminent spécialiste des ...
Bonjour, Même si cette plante est intéressante pour la santé, je trouve que nous devrions être plus prudents dans notre manière d’en parler et évoquer également les conséquences de ces “trouvailles”. On assiste depuis une décennie au pillage de l’éco-système africain, mais pas seulement (amazonien, etc) au bénéfice de quelques laboratoires qui mettent un brevet sur la plante modifiée dont on tire la molécule et qu’on vend très cher à une clientèle européenne ou américaine aisée. De grands parcs nationaux appartenant à et gérés par des compagnies privées sud-africaines sans scrupules servent de réservoir de plantes médicinales (entre autres) pour… Lire la suite »
Je suis d’accord avec Anne-Marie, si cette plante est efficace contre le paludisme alors réservons la à cet usage et préservons là , nous avons bien d’autres remèdes chez nous .