Les « larmes d’or » qui coulent de l’écorce des arbres blessés contiennent des substances complexes parfois très précieuses pour notre santé. À droite, la résine de l’arbre à myrrhe.
Elles sont comme une offrande de la nature, et nous devinons qu’elles sont utiles.
Les arbres ne fabriquent-ils pas ces larmes pour se cicatriser eux-mêmes ?
Et pourtant !
Par paresse ou par ignorance, nous gardons nos distances. Nous évitons d’en mettre sur nos doigts et nos vêtements, par crainte des difficultés pour nettoyer. L’eau chaude, le savon, le vinaigre, l’alcool n’y font rien. Il faut du white spirit, de l’essence de térébenthine.
Nos ancêtres, au contraire, recherchaient les résines. Ils s’en servaient pour soigner leurs blessures, se désinfecter la bouche, les gencives, les voies digestives, et pour bien d’autres usages (parfums, baume pour les morts, désinfection).
Ils avaient remarqué que certaines résines précieuses, comme l’encens et la myrrhe, exhalaient des parfums délicieux quand on les brûlait, donnant un faste inouï aux cérémonies religieuses, au couronnement des rois, etc.
Dans tous les temples de l’Antiquité, de la Méditerranée jusqu’à l’Extrême-Orient, on brûlait ces résines dans des vases sacrés, et les temples, les autels, prenaient sous les volutes blanches une allure irréelle et céleste.
Alors, je voudrais vous parler aujourd’hui d’une de ces résines précieuses : la myrrhe.
La myrrhe est une résine séchée de couleur brun-rouge que l’on récoltait sur les « arbres à myrrhe » (Commiphora myrrha) au Yémen, autrefois appelé « Arabie Heureuse », pays de la reine de Sabbat.
La myrrhe est la précieuse résine d’un arbre des déserts d’Arabie et de la corne de l’Afrique. En séchant, elle produit une gomme dure qu’il est aisé de ramasser sur les troncs. On la brûle comme parfum sacré et elle a de nombreux usages médicinaux.
Les guerriers grecs ne partaient jamais au combat sans une fiole de myrrhe, pour désinfecter et cicatriser leurs plaies [1].
Au Moyen-Orient, la myrrhe est employée depuis des millénaires en médecine traditionnelle. Dans l’est de l’Afrique et en Arabie Saoudite, on l’utilise comme anti-inflammatoire et pour soulager les douleurs rhumatismales [2].
Même usage en Inde, où la médecine ayurvédique recommande le « guggul » (très proche de la myrrhe), pour les douleurs articulaires également [3].
En médecine traditionnelle chinoise, elle sert à lutter contre la stagnation du sang, et donc à relancer la circulation. Elle est donc préconisée, encore une fois, contre les rhumatismes et les douleurs d’arthrite [4].
En Allemagne, actuellement, elle est fréquemment présente dans les dentifrices, et aux États-Unis dans les bains de bouche.
C’est pour les douleurs dentaires et les inflammations des gencives et dans la bouche que la myrrhe est reconnue par la Commission européenne et l’ESCOP (European Scientific Cooperative on Phytotherapy) [5].
On s’en sert pour traiter les gingivites (inflammations des gencives), les aphtes et ulcères dans la bouche et les irritations dans la gorge (pharyngite).
On applique à l’aide d’un coton-tige quelques gouttes non diluées de teinture de myrrhe sur les parties douloureuses (concentration à 1:5, 90 % d’éthanol), 2 ou 3 fois par jour. Pour la gorge, on s’en sert pour faire des gargarismes en diluant de 10 à 15 gouttes de teinture (1:5, 90 % d’éthanol) dans environ 30 ml d’eau tiède.
À noter que l’usage de la myrrhe pour l’hygiène buccale est extrêmement ancien. Il date au moins des Égyptiens de l’époque des pharaons.
En France, nos contemporains ne connaissent, en général, plus la myrrhe, ou alors uniquement à travers l’histoire des Rois mages, qui apportèrent à l’enfant Jésus « de l’or, de la myrrhe et de l’encens ».
Cette histoire est, malgré tout, intéressante. Car savez-vous pourquoi les Rois mages offrirent de la myrrhe à Jésus ?
Selon les spécialistes, c’était en prévision des souffrances qu’il allait endurer. L’usage à l’époque était d’ajouter de la myrrhe dans le vin afin d’atténuer les douleurs immenses des suppliciés. Et, en effet, au moment de son supplice sur la croix, il est écrit dans les Évangiles que les soldats romains « lui donnèrent à boire du vinaigre mêlé de myrrhe [6] ».
Je ne vous recommande pas de boire de la myrrhe, qui est extrêmement amère. Le mot « myrrhe » dérive d’ailleurs de la racine sémitique « mrr » qui veut dire « être amer ».
Si vous en mangez, vous risquez, au-delà de deux grammes, une irritation des reins et une diarrhée. Mais elle n’est pas plus dangereuse que cela, et ne présente aucune contre-indication ni interaction médicamenteuse connue. Les femmes enceintes doivent toutefois l’éviter, car elle peut stimuler l’utérus et déclencher des contractions précoces.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Sources de cet article :
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Merci pour cet article. Peut on en trouver facilement et est ce très cher ?
Bonjour, j’aimerais préciser que contrairement à ce que vous avez écrit, Jésus n’a jamais accepté cette solution de myrrhe offert par les soldats romains. Référence: dans la Bible lire: Marc 15:23. On dit que Jésus refusa d’en boire! Bien à vous, Marie josé Payeur.
bonjour et merci pour les infos.
Où peut-on se procurer de l’éthanol?
La myrrhe est-elle efficace pour la parodontite?
Est ce que cette resine peut avoir des effets posirifs sur la stomatodynite ?
La reine dont vous parlez n’ a rien avoir avec le Sabbat (juif).
cf L’ opéra de Charles Gounod ” La Reine de SABA”
I. Pénot
La Reine de Sabbat serait une sorcière. Il s’agit bien sûr dans le texte de la Reine de Saba