Honnêtement, il y a tellement d’informations sur la consoude que je ne vais pas tout vous détailler.
C’est un problème fréquent d’ailleurs, avec les plantes : on vous donne des listes interminables de vertus, tout le monde s’y perd.
Telle plante est sécrétagogue, dépurative, émolliente, carminative et cholagogue.
Il faudrait d’ailleurs un lexique car on n’est pas censé connaître tous ces mots barbares.
En passant, tout de même :
Mais revenons à notre consoude. Pendant des siècles, nos grands-mères ont fabriqué des pommades de consoude pour soigner les plaies et les bosses.
En effet, la consoude tient son nom du latin consolida, car elle consolide la peau, les tendons, les ligaments, les os. Ses propriétés cicatrisantes sont dues à la présence en abondance d’allantoïne, agent efficace du renouvellement cellulaire.
Le remède est toujours très utilisé actuellement contre les entorses et ecchymoses, ces lésions de la peau qui se forment chez les personnes qui restent alitées trop longtemps (patients cancéreux, mourants).
La recette est toute simple : on broie de la racine fraîche épluchée, récoltée à l’automne. La texture est gluante et collante. On la mélange à de la vaseline. On porte le tout à ébullition et on laisse reposer une nuit. La mixture est ensuite filtrée et mise en pot pour servir à tout moment. La vaseline se sera chargée des principes actifs de la consoude.
Comme tant d’autres plantes médicinales de premier plan, la consoude est victime de l’oubli et de l’ignorance de tant d’entre nous.
Elle est d’autant plus détestée des jardiniers que ses grosses feuilles repoussent à toute allure chaque fois qu’on les arrache.
Mais pour résoudre le problème, il suffit de changer de perspective.
Vous vous apercevez alors que ces feuilles qui poussent et qui repoussent sont en vérité… un don pour votre jardin, tel une corne d’abondance qui déverse continuellement ses bienfaits sur vous, gratuitement.
En effet, au lieu de vous désespérer de voir pousser ces feuilles, réjouissez-vous et coupez-les au couteau. Avec certaines précautions, vous pouvez les manger (j’y reviens plus loin), mais si vous n’avez pas faim, récupérez-les quand même car elles font un excellent activateur de compost.
Elles font un engrais liquide, aux vertus semblables au purin d’orties. La recette est simple : placez 1 kg de plantes dans 10 litres d’eau, laissez fermenter 15 jours à 20°C, filtrez. Diluez cet engrais dans de l’eau à 5 ou 10 % et versez au pied de vos plantes.
Vous pouvez aussi placer des feuilles de consoude sèches au fond des trous de plantation de tomates et de pommes de terre. Elles se transformeront en très bon terreau. La consoude aide à la multiplication des racines.
Elle-même est d’ailleurs capable de plonger ses racines extrêmement profondément, à plus de deux mètres. La consoude joue donc ce rôle vital pour les jardins de remonter des minéraux à la surface, comme la potasse dans ses feuilles, ce qui explique leurs vertus fertilisantes.
Les fleurs de la consoude attirent beaucoup d’abeilles et d’insectes. À noter à ce sujet une anecdote : les jeunes fleurs de consoude sont rose/rouge, tandis qu’elles deviennent bleues en arrivant à maturité.
Ce changement de couleur n’est pas un hasard.
En effet, les abeilles ne voient pas le rose. Cela permet d’éviter qu’elles ne viennent butiner les fleurs trop tôt, ce qui serait nuisible pour la plante. En devenant bleues, les fleurs peuvent attirer les abeilles au bon moment, lorsque leur intervention permet la pollinisation. Tous les insectes sont concernés.
La consoude était traditionnellement regardée comme comestible crue ou cuite. Elle est particulièrement douce au printemps. Les gourmets connaissent d’ailleurs le filet de sole végétale, fait avec des feuilles de consoude (voir plus loin).
Mais des analyses chimiques ont récemment montré qu’elle contient des alcaloïdes toxiques pour le foie. Elle a même été classé comme plante vénéneuse en 2011.
Cependant, ce classement a plus été fait par prudence, que sur des bases scientifiques solides. En effet, ces composés toxiques sont surtout présents dans la racine. Or, ce sont les feuilles que mangeaient les gens autrefois.
L’herboriste Anny Schneider recommande dans son excellent livre « Plantes sauvages médicinales » (éditions de l’Homme), de consommer la feuille jeune en soupe, en gratin, en quiche ou en omelette.
Le choix est vaste, donc, mais ma recette préférée est :
Trempée dans une pâte à beignet puis passée à la friture, la consoude prend un étonnant goût de poisson.
Voici la célèbre recette de la sole végétale donnée par Bernard Bertrand dans son très beau livre « L’herbier oublié » :
Ingrédients : 16 feuilles de consoude, 250 g de farine, 2 œufs, 2 verres de lait, huile pour friture, huile d’olive, citron, crème fraîche.
Récoltez de belles feuilles, de taille à peu près égale, lavez-les et laissez-les égoutter sur un torchon propre. Faites chauffer votre huile, trempez les feuilles assemblées 2 par 2 (face intérieure l’une contre l’autre) dans la pâte à beignets et plongez-les dans la friture bouillante. Sortez du bain d’huile lorsque vos soles végétales sont dorées… Salez, éventuellement poivrez selon vos goûts et dégustez chaud. [1] »
Avec cela, un bon petit verre de vin blanc sec ou fruité.
Les recettes à base de consoude ne sont toutefois à consommer qu’à l’occasion et en petites quantités, pour se faire plaisir, afin d’éviter tout risque d’intoxication.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
PS : pour en savoir plus sur l’indispensable consoude, je vous recommande la petite vidéo publiée par le site « Graine Indocile »
[1] L’Herbier Oublié, Bernard Bertrand, plante n°25, aux éditions Plume Carotte.
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mme ave c ls proprietes de la consoude eviter, dietetiquement parlant, la friture suggeree(beignet)
La consoude est conseillée en applications locales sur les plaies, les brûlures (racines fraîches râpées), les entorses, les tendinites, donc, j’insiste: par voie locale, car l’utilisation par voie interne ( infusion, décoction, teinture mère) peut être dangereuse car elle contient des alcaloïdes pyrrolizidiniques qui sont potentiellement hépatotoxiques, à court terme, mutagènes et génotoxiques à long terme… En homéopathie on peut prendre pour la consolidation des fractures 20 gouttes midi et soir dans un demi-verre d’eau de SYMPHYTUM 6 DH (1 flacon de 125ml) pendant deux mois, et, en cas des suites douloureuses des traumatismes de l’os et de périoste, SYMPHYTUM… Lire la suite »
Superbe consoude qui favorise les fleurs et les fruits, traitée en purin. Merci pour la recette de beignets !^
Bonjour,
Cultivant la consoude comme engrais jardin, j’étais très intéressée par la pommade…..jusqu’à que je lise que vous la mélangez à de la vaseline……un produit dérivé du pétrole !!!… une hérésie pour moi
Enseignant en oenologie, je porte une precision en termes professionnels : Les vins les plus secs sont de Loire et d’Alsace, de Savoie egalement, cependant un vin fleuri peut etre sec aussi. Les termes sec, souple, moelleux, liquoreux caracterisent la teneur en sucre acquise d’un vin blanc, mais egalement le rapport sucre/acide. Il est exact que le seul vin fleuri d’Alsace est le Gewurtz, qui existe aussi en moelleux, -vendanges tardives- cependant les Chablis sont qualifies de secs, mais souples, car leur teneur relative en acides est inferieure. Le Muscat, cepage emblematique, donne des vins secs exceptionnels : Bandol Domaine… Lire la suite »
Juste un petit bémol au sujet de l’article, lorsque vous dites que la consoude soigne les escarres, es ce bien nécessaire de rajouter entre parenthèse (patients cancéreux, mourants). Cela donne une approche très négative de la maladie, et je rappelle quand même que de plus en plus de gens en guérissent et heureusement, j’en suis un parfait exemple.