Depuis dix ans maintenant on nous demande de rapporter nos médicaments périmés en pharmacie.
« Pour votre sécurité, vérifiez d’urgence les dates de péremption de vos médicaments ! Surtout ne les laissez pas traîner les produits périmés dans votre armoire à pharmacie ! Un accident est si vite arrivé ! »
Cette campagne est, bien entendue, financée par nos impôts et relayée par l’assurance maladie (nos cotisations…) :
Bref, une fois de plus on nous ressort le prétexte de l’intérêt général.
Mais la vérité est que cette campagne vise avant tout à remplir les caisses de l’industrie pharmaceutique !!!
Certes, si vous avez décidé de faire le tri dans vos médicaments, il est en effet indispensable de les rapporter dans une pharmacie plutôt que de les jeter à la poubelle (ou, pire, dans les WC ou dans la nature !). C’est une question de protection de l’environnement.
Mais le mythe des médicaments périmés s’est bâti sur l’idée que les médicaments :
Résultat en France : la moitié des médicaments finissent à la poubelle, selon une enquête récente de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales). Cela représente une perte de 7 milliards par an. [1]
Une perte ?
Pas pour tout le monde : car dans la plupart des cas, la personne qui a jeté le médicament « périmé » en rachètera à la pharmacie à la prochaine occasion.
Or, une très sérieuse étude parue dans la grande revue médicale, Archives of Internal Medicine [2] a montré que 86 % des médicaments ne perdent absolument pas leur efficacité avec le temps. Vous pouvez les garder 50, 60 ans ou plus !
Tout a démarré lorsqu’un toxicologue, qui dirige le centre antipoison de Californie, a découvert une réserve de médicaments datant des années 1960 dans l’arrière-boutique d’une pharmacie.
Ce toxicologue, nommé Lee Cantrell, a compris qu’il allait pouvoir enfin étudier scientifiquement les médicaments périmés.
Il savait que, en Afrique, aux Philippines et dans de nombreux pays pauvres, la population n’a pas les moyens de renouveler constamment les stocks de médicaments. Beaucoup prennent des médicaments périmés sans que cela ne semble réduire leur efficacité.
Et en effet, sur quatorze médicaments testés, qui avaient été fabriqués 50 à 60 ans plus tôt, et qui étaient « périmés » depuis 28 à 40 ans, douze contenaient encore au moins 90 % de la quantité de produit actif mentionné sur l’étiquette, soit au-delà de la dose habituellement considérée comme acceptable. qu’au premier jour. (Il s’agissait bien sûr de médicaments conservés dans des récipients ou des étuis fermés, qui n’avaient jamais été ouverts).
Parmi les médicaments qui n’avaient pas bougé d’un poil, les antidouleurs, les antihistaminiques, les stimulants…
Bien entendu, Lee Cantrell et son collègue Roy Gerona se sont faits violemment attaquer par l’industrie pharmaceutique, après la publication de leur article. Ils ont été accusés de pousser les malades à prendre des médicaments périmés.
Ils ont répondu qu’ils ne conseillaient pas les médicaments périmés, mais qu’ils posaient la question de la date de péremption indiquée sur les boîtes de médicaments, qui est en général de trois ans.
D’où vient cette date ? Quelles sont les bases scientifiques ? Pourquoi recommande-t-on si activement aux patients de les rapporter à la pharmacie, gratuitement bien sûr, alors qu’aucune évolution de la formule chimique n’est constatée ?
A ces questions, aucune réponse n’a été apportée à ce jour. Repousser de deux ou trois ans la date de péremption des médicaments qui n’évoluent pas dans le temps permettrait pourtant d’économiser des milliards d’euros au niveau de la France, et des centaines de milliards au niveau mondial.
Mais il est vrai que ce serait autant de ventes supplémentaires manquées pour Big Pharma.
Cette affaire m’a rappelé un autre sujet d’actualité : l’histoire selon laquelle il ne faut jamais interrompre une cure d’antibiotiques.
C’est ce que tous les patients obéissants et « responsables » ont appris : surtout ne pas interrompre ! Prenez-vos médicaments jusqu’au bout, même si vous avez l’impression d’avoir guéri. Ceci pour éviter que les microbes reprennent le dessus, avec une souche plus virulente.
En réalité, les études récentes ont montré que c’était là aussi un mythe qui a fait les choux gras de Big Pharma.
Le Dr Louis Rice, président de la Faculté de Médecine de l’Univerité Brown, aux Etats-Unis, a été le premier en 2007 à remettre en question le dogme des antibiotiques dont il faudrait à tout prix terminer la cure.
Cette pratique « n’a jamais eu aucun sens. Elle n’en a toujours pas aujourd’hui », explique-t-il. [3]
Son avis est suivi aujourd’hui par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), pourtant bien connue pour son amour inconditionnel de tout ce qui ressemble à un médicament, un vaccin ou un traitement médical :
Dans un de ses tout derniers rapports, on peut lire : « on peut affirmer que la cure d’antibiotiques peut être arrêtée immédiatement après une infection bactérienne… ou lorsque les signes et symptômes d’une infection bénigne ont disparu. » [4]
Autrement dit : si vous vous sentez mieux, c’est que vous allez mieux.
Non seulement vous pouvez en général arrêter de prendre vos antibiotiques dès que vous allez mieux, mais cela rendra service à votre microbiome (flore intestinale) et limitera le risque de développer des bactéries résistantes aux antibiotiques.
Il y a toutefois des exceptions : dans le cas de la tuberculose et des infections osseuses, les études montrent qu’interrompre la cure d’antibiotiques est dangereux car la maladie peut revenir en force. Une étude de décembre 2016 a aussi montré que, chez les enfants de moins de deux ans traités contre l’otite à l’amoxicilline, 10 jours de traitement sont plus efficaces que 5.
C’est un sujet très important que je traiterai dans ma prochaine lettre.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
[1] http://www.ersinnovation.com/affaires-publiques/gaspillage-des-medicaments-en-france-un-cout-enorme-a-la-securite-sociale/
[2] https://www.documentcloud.org/documents/3516397-Expired-drugs-research-letter.html
[3] https://www.statnews.com/2017/02/09/antibiotics-resistance-superbugs/
[4] http://www.who.int/selection_medicines/committees/expert/21/applications/s6_antibiotic_awareness_campaigns.pdf?ua=1
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la réalité rejoint la fiction et plus vite qu’on ne l’aurait imaginé.
En 1995 j’ai eu une opération de la hanche en Belgique (c’est comme en France). Un kiné est venu me faire des massages avec une crème X ou Y. Il m’a expliqué : Ce tube de crème était valable 3 ans et plus jusqu’en 19990. Puis le même tube a été valable 2 ans à partir de cette date et maintenant depuis 1994 maintenant en 1995, le même tube est valable 1 an. Vous trouvez cela logique. C’est de l’arnaque. Je ne teins compte des dates de péremption que pour des médicaments, ou aliments bien spécifiques. Il m’arrive de manger… Lire la suite »
Le problème est le même pour les produits alimentaires de type épicerie et même pour les produits frais, yaourt en particulier. Ce qui est scandaleux c’est que certaines grandes surfaces (Intermarché) se targuent de retirer les produits frais de leurs rayons 3 jours avant la date de fin de consommation.
Dans le même état d’esprit, concernant le Levothyrox, tous les médecins disent : “n’arrêtez jamais le traitement : il faut le prendre à vie”. Les mieux informés m’ont prédit l’hôpital dans le meilleur des cas et le coma dans le moins bon si j’arrêtais. Mais pourtant, je vivais (presque) normalement avant de prendre le traitement ? Je n’ai pas trouvé de justification claire sur internet argumentant ces assertions : vu les circonstances actuelles, peut-être faudrait-il évaluer réellement ce danger potentiel (réel ? hypothétique ? les labos qui cherchent encore à nous faire peur ?)… Qui a des infos ?
La seule fois où j’ai donné des médicaments “périmés” à la pharmacie, je leur ai demandé ce qu’ils en font. La pharmacienne m’a dit qu’ils seront reconditionnés pour les donner dans les pays pauvres, mais elle ne m’en a pas dit plus, et sur le coup, j’ai pensé que pour nous c’est dangereux de les consommer, mais les personnes des pays pauvres, eux ont peut les empoisonner… J’ai aussi réfléchi au terme “reconditionné” ….. il dit tout sur le sort des médicaments et de sa vraie date de péremption. Je ne donne plus à la pharmacie, je garde, de toute… Lire la suite »
Je crois que c’est faux: ils sont remis aux grossistes et détruits.
J’utilise mes médicaments périmés plusieurs années après la date indiquée. Notamment j’ai un antibiotique d’usage externe périmé en 2008. D l’Ixprim périmé en 2010. De l’Aerius acheté à Buenos Aires en 2007 et de la Desomedine nasale d’il y deux ans qu’on recommande ne pas reutiliser et la jeter après six mois et qui vient de me soigner un rhume en deux jours.
Et j’ai eu un antifongique de Squeeb périmé en 2003 que je viens de finir
Je signale que mon père était pharmacien et m’a mis au courant depuis mon enfance.