Il y a quelques semaines, comme à chaque automne, a eu lieu dans la ville d’Alba, dans le nord-ouest de l’Italie, la foire aux truffes.
L’événement le plus attendu est la vente aux enchères internationale.
Cette année, 2 truffes pesant ensemble 950 g ont été vendues pour 90 000 euros. Une des plus grosses, pesant 350 g, a été achetée pour arriver dans l’assiette… d’un politicien, à un prix deux fois plus élevé que l’or fin [1].
Pour nous, simples mortels, cela veut dire que nous n’aurons jamais le plaisir de goûter ne serait-ce qu’un gramme de ces truffes.
Mais quel dommage !! Et quelle injustice surtout.
Dommage, car pour les personnes qui font un effort pour manger sain, la truffe est certainement l’ingrédient le plus savoureux et le plus parfumé, qui peut donner à lui seul un goût divin à n’importe quel plat.
Mais quelle injustice surtout, parce que contrairement à ce que beaucoup de personnes ont fini par croire, la truffe n’a pas toujours été aussi rare et chère qu’aujourd’hui, loin de là !
Ouvrez n’importe quel livre de cuisine de la fin du XIXe siècle : vous y trouverez toutes sortes de recettes à la truffe : « Pour faire ce pâté en croûte, prenez d’abord 4 grosses truffes, etc… »
Pour nous, c’est impensable, même en prenant un crédit.
Mais à l’époque, il aurait été impensable de manger, par exemple, un foie gras sans truffe ! Ce qui coûtait cher, d’ailleurs, c’était le foie gras, pas la truffe.
La raison est simple : à la fin du XIXe siècle, la France produisait à elle seule plus de 1000 tonnes de truffes chaque année [2], pour une population moitié moindre qu’aujourd’hui (36 millions).
Mais la Première Guerre mondiale produisit une telle saignée dans les campagnes que, la truffe ne faisant pas partie des priorités des femmes et des survivants, la plupart des truffières furent abandonnées.
La désertification des campagnes tout au long du XXe siècle accéléra le déclin, si bien qu’aujourd’hui, la production annuelle de truffes a baissé de plus de 95 %, et ne dépasse plus 40 tonnes par an, reposant entièrement sur les experts-cueilleurs et leurs inséparables partenaires à quatre pattes – chiens ou porcs – à l’odorat très aiguisé et spécifiquement dressés pour dénicher les truffes sauvages.
Bien entendu, scientifiques et, plus récemment, généticiens prétendirent replanter des truffières aux normes de productivité modernes.
Mais tous les essais se sont jusqu’à présent soldés par de lamentables échecs.
Bien que son génome ait été séquencé en 1990, personne ne comprend réellement quelles sont les conditions précises nécessaires aux truffes pour apparaître.
On sait qu’elles se récoltent entre 500 et 1 000 mètres d’altitude. Qu’elles préfèrent les terrains calcaires, qu’elles se développent en symbiose avec le chêne blanc ou vert, le frêne, le charme et le tilleul. Et les spécialistes affirment qu’une bonne année dépend d’un fort ensoleillement estival suivi de pluies entre la mi-août et la mi-septembre.
Mais justement, la récolte 2011-2012 de truffes noires d’hiver fut exceptionnelle, alors que tous les facteurs climatiques s’y opposaient avec une double sécheresse printanière et automnale, et une récolte perturbée par l’épisode de froid de la fin janvier !
Alors ne vous étonnez pas que la truffe ait disparu de nos étals et surtout de nos assiettes ?.
Car c’est un produit qui demande de la patience, du respect, et de l’humilité face à la nature.
Dans ces conditions, il me semble inutile de donner une recette à la truffe.
Toutefois, à défaut de savourer la truffe dans quelque restaurant chic, on peut utiliser un produit dérivé pour ajouter une petite touche raffinée à des plats aussi simples qu’un risotto ou des œufs au plat. Par exemple, du sel ou de l’huile aromatisés à la truffe, qu’on peut trouver dans toute bonne épicerie fine ou sur Internet.
On peut aussi acheter de la pâte de truffe blanche : 15 g coûtent 24 euros, ce qui est énorme, mais le parfum est tellement puissant, pour ne pas dire renversant, qu’une simple pointe suffit à parfumer tout un plat. Cela peut valoir la peine, pour une grande occasion.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Sources :
[1] Vente aux enchères record pour 4 truffes : 230 000 euros
[2] Truffe noire
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j’ai eu l’occasion d’en manger plusieurs fois , je trouve que
c’est beaucoup trop cher cela ne le vaut pas ; c’est du snobisme à mon avis , comme d’ailleurs pour le caviar
Bonjour, je crois qu’il va falloir vérifier vos sources en matière de truffes. D’abord, pourquoi se focaliser sur la truffe d’Alba alors que nous avons, en France, de la truffe excellente et à des prix abordables. Je confirme ce qui a été dit par d’autres sur ce site et sur ce sujet, vous pouvez faire un repas pour 4 personnes avec une truffe de 60 grammes pour la somme de 48 € (0,060kg par 800€ =48€ ) . Je suis producteur de truffes dans le sud de la Drôme, je peux vous assurer que vous pouvez trouver de la truffe… Lire la suite »
Il y a une autre façon de voir les choses: en décembre 2013, le cours de la truffe au détail était de l’ordre de 800 euros le kg. 10 gr par personne, soit 8 euros par personne suffisent pour se régaler avec par exemple des oeufs brouillés. Ce n’est certes pas donné, mais une fois de temps en temps …
Amateur de Tuber Mélanosporum. Pour info .Pour une famille d’env.4 personnes vous pouvez préparer vos menus de fêtes avec 1 ou 2 truffes pour env 50 à 60 € . Avec env 60ha de plantation par an en CHARENTE à env 25m d’altitude et non entre 500m et 1000 m.Le Marché aux truffes de JARNAC en CHARENTE peut négocier entre 30Kgs et 100 Kgs par semaine .Quantité non négligeable .Un plan technique de la trufficulture est mis en place dans le département grâce en particulier à la qualité du produit récolté.En trufficulture il n’y a pas de miracle , il… Lire la suite »
très intéressent , mais y a t-il d’autre variété de truffe de par le monde?
on trouve de la truffe en Espagne , elle a envahit le marché français depuis certainement 20 ans. Les Chinois nous en envoient aussi des quantités. On trouve d’après mes lectures de la truffe en Bourgogne, dans la Marne. Le terroir doit faire toute la différence. En France en Tricastin excellent qualité – voir le marché de Richerenches – photos de nos truffes sur Facebook GITES DES SOUQUETTONS
Bonjour, Désolé de devoir vous faire remarquer, que le terme “politicien” n’est pas neutre, il est tout à fait péjoratif. En français on dit “homme politique”. Compte tenu de votre évidente maitrise du français, l’utilisation de ce terme sonne comme une malveillance gratuite. Au cas particulier d’ailleurs, il semble s’agir du nouveau maire de New York, qui jusqu’à plus ample informé, n’est pas (pas encore peut être ) impliqué dans aucune affaire. S’agissant de la truffe, je n’y connais rien, mais j’ai déjà eu l’occasion d’en manger, récoltée par un oncle dans les Cévennes occidentales. Je présume qu’il y a… Lire la suite »