Arrêter de fumer vous permettra de vous enrichir puisque vous mettrez de côté le budget que vous consacriez au tabac, ou plutôt à payer les taxes sur le tabac qui représentent 80 % du prix d’un paquet de cigarettes.
Il faut rappeler en effet que ce sont les Etats qui ont encouragé les populations à fumer.
En France, la consommation de tabac ne devint massive que lorsque le gouvernement eut la “brillante” idée de distribuer gratuitement du tabac gris aux soldats de la troupe pendant la Première Guerre mondiale [1].
Quand la guerre fut finie, il créa la SEITA ou « service d’exploitation industrielle des tabacs et allumettes », et lui accorda en 1926 un lucratif monopole afin de financer les emprunts d’Etat [2].
Grâce aux bons soins des gouvernants, la plupart des hommes étaient en effet devenus accros à la cigarette.
La SEITA engrangea ainsi, pour le compte de l’Etat, des bénéfices à faire rêver Ali-Baba : la production de cigarettes passa de 10 milliards d’unités en 1923 à 19 milliards en 1940, pour atteindre 86 milliards en 1980.
Entre temps, en effet, le gouvernement américain s’en était mêlé : à l’occasion de la Seconde Guerre mondiale et des guerres qui suivirent (Corée, Vietnam, Afghanistan…), il envoya ses soldats dans le monde entier toujours accompagnés de cargaisons de cigarettes américaines qui devinrent un symbole de la liberté (!). La consommation de cigarettes devint, elle, un phénomène mondial.
Ce fut également à cette époque que de nombreux médecins furent recrutés par les grandes compagnies pour faire la publicité des cigarettes, célébrées pour leurs vertus apaisantes pour les voies respiratoires :
(Offrez des vacances à votre gorge, fumez une cigarette fraîche)
(Plus de médecins fument des Camels que toute autre cigarette).
En 1980 toutefois, les gouvernements refirent leurs calculs et s’aperçurent que les sommes folles qu’ils récupéraient grâce aux taxes sur les cigarettes se trouvaient très nettement entamées par la prise en charge du cancer du poumon, des infarctus et autres décès précoces causés par la cigarette. (Notez que j’ai bien écrit « prise en charge » et non pas « traitement », le cancer du poumon se soldant par la mort du patient dans 85 % des cas, à l’horizon de 5 ans).
Au milieu des années 1960, le lien de causalité entre le tabagisme et le cancer du poumon avait été établi avec certitude [3]. La facture s’avérait énorme, dépassant largement les bénéfices pourtant mirobolants de la SEITA !
Il fallut alors pagayer à toute allure dans l’autre sens : de producteur et distributeur de tabac, gouvernements endossèrent les costumes de justiciers des populations « opprimées par la grande industrie du tabac » désignée désormais comme coupable d’avoir fait de la publicité.
La SEITA, sur laquelle on s’apprêtait à tirer à boulets rouges et dont la faillite était quasiment certaine, fut privatisée en toute hâte.
Afin de faire oublier le rôle parfaitement sournois qu’ils avaient joué dans l’affaire, les gouvernements expliquèrent qu’ils imposeraient désormais des taxes supplémentaires sur le tabac, pour dissuader les populations d’en consommer !
La suite de l’histoire est bien connue : de la Loi Evin aux images sordides sur le paquet de cigarettes en passant par les déclarations belliqueuses des ministres de la Santé qui, aussi courageux que Zorro, attaquent le « lobby du tabac », et les tentatives d’interdire la cigarette y compris sur les plages, tout un arsenal répressif a été mis en place dans le but de :
Si donc, cher lecteur, vous fumez et que vous souhaitez, vous aussi, cesser d’être la victime de ce pitoyable jeu de dupes, arrêtez maintenant de fumer.
« Oui, tout cela est bien gentil, Jean-Marc, mais comment faire pour réduire le tabagisme, maintenant ?? »
J’allais y venir.
Aujourd’hui donc, les autorités ont retourné leur veste et ne ménagent ni leurs efforts, ni les budgets publics pour faire des campagnes antitabac, des écoles jusqu’aux maisons de retraite.
Le résultat est nul :
En France, la proportion de fumeurs est passée de 34,7 % en 2000 à 31,4 % en 2005, pour revenir à 33,7 % en 2010. Autant dire une stabilité presque parfaite.
La raison, à mon avis, est que les campagnes cherchent par tout moyen à faire peur aux gens, à les angoisser au sujet du tabac, à leur dire que cela leur fait du mal, que c’est mal de fumer.
Or, on sait que c’est à l’adolescence que la plupart des gens commencent à fumer.
Quiconque a élevé des adolescents, quiconque se souvient d’avoir été lui-même adolescent un jour sait que leur expliquer qu’une chose est dangereuse et interdite est la meilleure façon de les inciter à essayer, surtout s’ils voient partout des gens qui font cette chose, et qui ne semblent pas s’en porter si mal.
Car évidemment, fumer est associé au plaisir, à la convivialité et même à la fête. On fume pour se détendre, on fume entre amis, on fume en soirée ; on accepte une cigarette pour engager une relation…
Expliquer aux gens qu’ils ne doivent pas fumer parce que c’est mauvais pour leur santé, c’est leur dire qu’ils doivent choisir entre la santé et le plaisir : « Préfères-tu une vie courte mais “fun” avec la cigarette, ou une vie triste et longue sans cigarette ? »
Poser la question, c’est y répondre… et pas dans le sens souhaité par les campagnes antitabac.
Si vous ajoutez à cela que, pour un adolescent qui ne rêve que de paraître plus que son âge, fumer est un moyen fabuleux de montrer qu’il est « déjà grand », on ne s’étonnera pas qu’ils soient si nombreux à vouloir fumer.
Voilà pourquoi il me semble que les campagnes officielles antitabac sont vraiment à côté de la plaque, et même nocives. Sans le vouloir, elles donnent presque des arguments aux jeunes pour fumer, en créant une sorte de tabou qui ne fait que générer une envie de transgression plus forte encore.
Et c’est bien dommage, car ne pas fumer est en effet la chose unique la plus importante que l’on puisse faire pour éviter les maladies.
Le seul moyen, il me semble, d’aider les jeunes à ne pas fumer, c’est de ne pas se contenter de leur dire que cela leur pourrit les poumons, leur donne mauvaise haleine et les dents jaunes.
Il faut – mais c’est beaucoup plus difficile – leur montrer des voies plus efficaces que le tabac pour se faire des amis, paraître grand et sûr de soi, s’amuser en soirée, se détendre, occuper les moments d’ennui et faire des rencontres intéressantes.
Il faut, et c’est tout un programme, leur montrer que la vie vaut la peine d’être vécue, qu’elle peut être longue et fun, qu’elle est même plus fun quand elle est longue et bien remplie.
Que la cigarette, dans ces conditions, loin d’être un accélérateur, est un obstacle pour atteindre le vrai bonheur. Les dépenses qu’elle entraîne empêchent d’acheter des choses nécessaires ; la mauvaise haleine du tabac compromet les beaux moments de leur vie amoureuse ; les maladies qui risquent de s’ensuivre empêchent d’accomplir des projets vraiment importants pour soi et pour le monde.
Encore une fois, j’ai conscience d’être utopiste. Je sais que mon programme n’est pas aussi simple, et de loin, que d’obliger les fabricants de tabac à coller des images affreuses sur leurs paquets.
Cela demande du temps et, plus difficile encore, cela demande des adultes qui aient eux-mêmes trouvé le moyen de mener une vie qui a du sens, et qui puissent transmettre un message positif aux jeunes sur la vie.
Toutefois, une raison d’être optimiste est que faire ce travail de transmission ne sert pas uniquement à prévenir le tabagisme. Bien au contraire, ce n’est qu’un effet collatéral, certes réjouissant mais néanmoins secondaire, d’un vaste mouvement vers un monde meilleur.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Sources de cet article :
Jus de fruits, sodas : des cochonneries qui rendent gros mais aussi… cancéreux Une étude sur les jus de fruits et les sodas a été ...
En faisant baisser le niveau d’insuline, le jeûne intermittent pourrait réduire le risque de cancer du sein La ménopause est un ca...
Peut-on trouver du positif dans les épreuves de la vie, comme le cancer ? « Aimer son cancer » : la phrase la plus osée jamais for...
Monsieur Dupuis,
Quand vous mettrez autant d’opiniâtreté à dénoncer les effets des drogues dites douces, autrement plus néfastes que ceux du tabac, je crois que j’adhérerai plus facilement à votre croisade. Malheureusement, sur ce point, pas d’anathème, c’est la loi du silence. Pourquoi cette attitude ? J’aimerais en connaitre la ou les raisons.
Ceci dit, je ne fume pas, mais je déteste les contraintes sélectives.
Le meilleur remède pour s’arrêter : • La volonté. Les motivations pour y arriver : • Le goût, il revient progressivement et il a l’avantage de vous faire apprécier les bonnes choses de la table. • Les odeurs, elles vous inondent de toutes leurs flagrances. • De l’air, à plein poumon, du souffle qui vous aide à éliminer les grammes qui ont tendance à profiter de l’occasion pour vous envahir et vous transformer en Bibindum. Et le meilleur : • Les performances du monsieur et celles de sa compagne. On peut toujours penser être le meilleur, mais après on regrette… Lire la suite »
Si vous voulez aider les adolescents à ne jamais fumer, faites comme mon papa a fait avec moi quand j’avais +/_ 15 ans.
Il m’a montré la cheminée de notre feu ouvert pleine de suie et m’a dit; “si tu fumes te seras comme ça à l’intérieur et tu t’imagines bien que le ramoneur ne pourras pas venir nettoyer et tu peux imaginer les conséquences!
Je n’ai jamais eu envie de toucher à une cigarette grâce à cette image très parlante, j’ai 69 ans maintenant et je suis en pleine forme!
M. Berger
Bonjour Jean-Marc, Je partage tout ce que vous écrivez dans cet article. On commence souvent par fumer pour se prouver quelque chose, pour se protéger, ou pour se donner un rôle. Fumer nous permet de ne plus être au contact de certaines peurs: la solitude, l’oppression, l’inutilité… Et c’est pour ça qu’il est si difficile d’arrêter. Arrêter de fumer et ne plus craindre de reprendre, sans se priver d’une partie de soi est la solution pour vivre sereinement l’arrêt du tabac. C’est aussi la solution pour ne plus être sous la coupe des puissants cigarettiers. Cigarettiers dont l’intérêt financier passe… Lire la suite »
Je suis un de vos nombreux abonnes et je dois dire que j’apprecie votre travail. Jusqu’a mon service militaire j’avais jamais fume une cigarette. Lorsque le gouvernement francais m’a envoyé en Algerie comme mon frere aine et plus tard comme mon plus jeune frere, non avons appris a fumer grace aux largesses du gouvernement francais. J’ai donc appris a fumer en Algerie. Oui, ca m’a aide a tenir lorsqu’on entendait les tirs des mitrailllettes dans la nuit, dans les montagnes de Kabylie! C’est la ou j’ai fete mes 20 ans en montant la garde! Beaucoup plus tard, lorsque je me… Lire la suite »
J’ai été une fumeuse très “accro” au tabac. J’ai eu beaucoup de mal à décrocher, après plusieurs tentatives infructueuses, j’ai fini par y arriver grâce aux gommes à mâcher à base de nicotine. Généralement, la seule volonté ne suffit pas sans un support palliatif.
Une fois désintoxiquée, j’ai apprécié ce sentiment de liberté de ne plus être fébrile quand je n’avais plus de cigarettes.
C’était vraiment la liberté retrouvée.Votre article est bien fait mais ne parle pas de ce sentiment d’être prisonnier d’une addiction aussi néfaste.
Claudie