Excusez-moi d’avoir le cancer

11/02/2014
Excusez-moi d’avoir le cancer
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« Lorsque la biopsie de Martine a confirmé qu’il s’agissait bien d’un cancer, sa première pensée a été “comment vais-je annoncer ça à mon mari ?” Elle avait raison de s’en préoccuper, parce que le soir c’est Jacques, pas elle, qui s’est effondré et à qui il a fallu passer les mouchoirs en papier et trouver les mots pour l’aider à se calmer…

Et la même chose s’est reproduite au bureau. Quand elle a dû prévenir qu’elle serait absente pendant quelques semaines pour débuter les traitements, il lui a fallu tenir la main de plusieurs de ses collaboratrices apeurées et larmoyantes, et les rassurer que tout irait bien, qu’elles n’avaient pas à s’inquiéter.

Et il fallait encore se préoccuper des enfants… A dix et douze ans, ils n’avaient pas encore la maturité pour “gérer” si leur mère devait se retrouver effondrée de fatigue et incapable de faire à dîner… Et comment réagiraient-ils quand elle n’aurait plus de cheveux et qu’elle devrait mettre une perruque ? »

Cette histoire, racontée par le regretté David Servan-Schreiber, illustre un phénomène bien connu. Bien souvent, ce sont les malades eux-mêmes qui consolent leur entourage, et non l’inverse. Une enquête de l’Université de San Francisco a même été réalisée à ce sujet, et conclut que de nombreuses femmes atteintes du cancer du sein se retrouvent à prendre soin de leurs proches et non l’inverse [1].

Il y a une raison profonde à cela : lorsqu’on s’apprête à mourir, on est préoccupé de sa propre mort mais, si l’on a des responsabilités, si de nombreuses personnes dépendent de vous, vous êtes bien sûr inquiet de ce qu’il adviendra d’eux quand vous ne serez plus là. D’où le succès (bien légitime) des assurances-vie, et l’importance d’être prévoyant.

Toutefois, cela ne doit pas faire oublier une chose très importante : les femmes qui apprennent à faire appel à leurs amies auraient deux fois plus de chance de survivre à leur cancer du sein que celles qui s’isolent ou qui prennent tout sur elles-mêmes [2].

L’isolement est toujours un risque majeur pour la santé. C’est même le facteur de risque le plus grave, plus grave encore que celui de fumer. Une étude australienne a montré que les femmes ayant vécu un stress majeur et qui n’avaient reçu aucun soutien émotionnel avaient 9,5 fois plus de risque d’être diagnostiquées avec un cancer du sein [3].

Baisse de la mortalité du cancer du sein de 71 %

Réciproquement, les femmes à qui l’on annonce un cancer du sein s’en sortent mieux quand elles bénéficient d’un suivi psychologique, avec adaptation de leur mode de vie proche de la méthode anticancer du Docteur Servan-Schreiber : exercice physique modéré, gestion du stress, conseils alimentaires tels que ceux que vous lisez dans Santé Nature Innovation.

Le taux d’inflammation (facteur de croissance des tumeurs) dans leur corps diminue. Leur système immunitaire fonctionne mieux. Le résultat est que, après 11 ans de suivi, le risque de mortalité baisse de près de 70 %.

Plus de chances de survie en cas de rechute

De la même façon, en cas de rechute du cancer du sein, les femmes qui continuent à être accompagnées voient leur risque de décès chuter de 59 % par rapport à celles qui se battent seules.

Il s’agit d’une étude publiée dans la revue Clinical Cancer Research, parue le 16 juin 2010 [4].

Au bout de 12 mois, les femmes qui avaient été accompagnées avaient plus de lymphocytes et de cellules tueuses (Natural Killer cells) capables de supprimer les tumeurs.

Il est donc difficilement compréhensible, aujourd’hui, d’imposer à quelqu’un des opérations, de la chimio, des rayons, puis de le renvoyer chez lui avec pour seule consigne de revenir quelques semaines plus tard pour des analyses.

Soutien à distance gratuit

Aucune personne malade du cancer (ou de toute autre maladie d’ailleurs) ne doit être abandonnée face à elle-même. Non seulement il est cruel d’imposer la solitude à une personne qui souffre, mais ces études prouvent que c’est mettre en danger sa vie, en augmentant ses risques de mourir.

Je reçois de nombreux témoignages de personnes me disant le bien qu’elles ressentent à lire les lettres que je leur envoie. Ce n’est pourtant pas grand-chose. Une petite flamme de chaleur dans l’immensité anonyme d’Internet. J’aimerais pouvoir faire plus. Mais ce n’est pas toujours possible.

Si vous avez l’impression que mes lettres peuvent aider quelqu’un que vous connaissez et qui traverse l’épreuve de la maladie, n’oubliez pas qu’il suffit de lui envoyer le lien vers la page d’abonnement. Cette page se trouve ici. C’est entièrement gratuit, et c’est déjà un début de soutien.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

Sources de cet article :

[1] Yoo, G., et al., Emotion work: disclosing cancer. Support Care Cancer, 2009.

[2] Kroenke, C.H., et al., Social networks, social support, and survival after breast cancer diagnosis. Journal of Clinical Oncology, 2006. 24(7): p. 1105-11.

[3] Price, M.A., et al., The role of psychosocial factors in the development of breast carcinoma: Part II. Life event stressors, social support, defense style, and emotional control and their interactions. Cancer, 2001. 91(4): p. 686-97.

[4] Clin Cancer Res. 2010 Jun 15;16(12):3270-8. Epub 2010 Jun 8. Biobehavioral, immune, and health benefits following recurrence for psychological intervention participants. Andersen BL, Thornton LM, Shapiro CL, Farrar WB, Mundy BL, Yang HC, Carson WE 3rd. Department of Psychology, The Ohio State University, Columbus, OH 43210, USA. andersen.1@osu.edu

 

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monique
monique
10 années plus tôt

oui votre chronique est très intéressante j’adore lire vos lettres sur la santé aussi j’aimerais acheter votre livre mais je crois qu’il n’est pas disponible au Quebec ou comment faire pour se le procurer merci a l’avance

Nathalie
Nathalie
10 années plus tôt

Bonjour, Je vous remercie pour votre article qui, je crois, encourage de nombreuses personnes atteintes ou pas de cette maladie. Je suis moi-même en (ce qu’on appelle) ALD pour un cancer du sein déclarer en 2012 avec ablation du sein gauche. je tiens à le préciser le sein gauche (côté coeur) car j’ai accompagné jusqu’à son dernier souffle (il y a 3 ans maintenant) mon frère qui était atteint d’un cancer colo-rectal contre lequel il a lutté pendant 11 mois, il est décédé à 49 ans et j’ai cru qu’on m’arrachais le coeur à cet instant. je vous raconte son… Lire la suite »

Hess Skandrani Ginette
Hess Skandrani Ginette
10 années plus tôt

LE CANCER : CET INTRUS QUI SQUATTE NOS VIES. LE CANCER : RESULTAT DU MAL-ETRE, DU MAL VIVRE, DE LA MAL-BOUFFE N’EST QUE L’INDICE D’UNE SOCIÉTÉ MORTIFERE. Par Ginette Hess Skandrani Janvier 2008 En cette mi-septembre 2007, après un été maussade et particulièrement pluvieux, atteinte d’un moral au plus bas, je m’aperçois tout à coup, en prenant ma douche, qu’un espèce d’os très dur apparaissait sous mon sein gauche. Il n’est pas douloureux et je l’oublie dans la journée, puis j’y repense. Je croyais tout d’abord que c’était un déplacement d’os suite à l’agression subie dans mon appartement en octobre… Lire la suite »

HUET
HUET
10 années plus tôt

Bonjour, J ai lu votre article avec attention. J ai eu un premier cancer du sein droit en 1989 avec radiothérapie et ménopause artificielle. Ma récidive a eu lieu en 2005, 2007 avec ablation. Mon dernier au sein gauche en 2012 pas encore dans le sein dans les canaux pris à temps avec 7 tumeurs. C est vrai que j ai toujours eu un entourage mariée avec deux enfants dont un en bas âge en 1989. J ai eu un divorce conflictuel en 1993 avec un fils qui ne me parlait plus durant 5ans. Ma mère est décédée fin janvier… Lire la suite »

dr m bouchon
dr m bouchon
10 années plus tôt

Je repondrais….: “Excusez-moi de ne PAS avoir un cancer flamboyant ou une maladie commune et reconnue!”

Les gens atteints de maladies bien reconnues (les ‘grandes maladies du siecle’ – coeur, cerveau…) recoivent bcp plus de support medical et societal que les syndromes de fatigue et douleur affectant bien plus les femmes que les hommes. Dans leur cas:

Ceci est leur plus grand et gros probleme, qui multiplie leurs difficultes et augmente leur condition medicale. Ne pas etre entendue, reconnue, etre rejetee et jugee etc….
Ne les oubliez pas.

Claudine
Claudine
10 années plus tôt

Grâce au Naturastem, libérant les cellules souches à concurrence de 125%, tous les cancéreux qui en ont pris se portent TB même ceux qui étaient en phase terminale (double dose pdt un mois ds ce cas). Si mon commentaire pouvait sauver une vie, j’en serais tellement heureuse.

Marie-Therese Deneve
Marie-Therese Deneve
10 années plus tôt
Reply to  Claudine

Marie-Thérèse
———————-
très belle lettre ,j’ai eu un tout petit cancer pas de quoi en parlée ma fille ainée as eu un cancer du sein ce n’était pas drôle difficile pour elle ses enfants son mari et sa famille je n’ai pas su l’aider comme il le fallait j’ai fait ce que j’ai pu je croit même que je me suis enfermé intérieurement mais comment faut-il réagir ce n’est pas évident mais une chose est sûre j’ai vue ma fille souffrir elle commence doucement a s’en sortir et je lui souhaite de vivre très heureuse

Lombard marie-Françoise
Lombard marie-Françoise
10 années plus tôt
Reply to  Claudine

Donnez moi vos adresses de grâce …mon mari est pour l’ucl foutu il va entrer dans des études à l’institut Bordet mais il souffre…depuis qu’il n’a plus de chimio même si celles ci n’ont pas stabilisé sa tumeur du pancréas: il a des métas au péritoine et au foie! Mon imail : marieflombard@hotmail.com
h

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