C’est une des plus célèbres histoires médicales. Elle vous permet de comprendre une chose essentielle sur le caractère des gens qui vous entourent :
C’était un chaud après-midi de la fin de l’été 1848.
Phineas Gage, ouvrier des chemins de fer aux Etats-Unis, s’apprête à faire sauter un rocher avec de la poudre explosive.
Mais voilà que sa barre à mine (une grosse barre en acier, qui sert à casser la pierre) lui échappe des mains. Elle heurte la poudre. C’est l’explosion. La barre à mine est projetée à toute force vers son visage.
Abominable : la barre s’enfonce sous son œil et lui traverse la tête. Elle file à une telle vitesse qu’elle ressort de l’autre côté du crâne et va se planter dans le sable à vingt mètres !!
Mais c’est alors que la stupéfaction s’empare des spectateurs atterrés :
Phineas Gage ne s’est pratiquement aperçu de rien. A peine ébranlé par le choc, il garde connaissance et continue à parler comme si de rien n’était.
Il a pourtant deux trous béants dans la tête (un devant, un derrière) et une partie de son cerveau a été arrachée.
L’histoire est à peine croyable et pourtant elle est vraie : vous pouvez voir sur la photo en haut de ce message la barre à mine, pourtant énorme, qui traversa dans toute sa longueur le crâne de Phineas Gage, et ressortit de l’autre côté.
Je disais donc que Phinéas Gage fut peu ébranlé par le choc
A peine est-il pris de légères convulsions. Ses amis décident toutefois de le raccompagner à son hôtel. Assis sur une chaise sous le porche de l’établissement, il discute avec les passants en attendant le médecin.
Quand le médecin finit par arriver, il constate, avant même de l’avoir approché, que Phinéas Gage a le crâne ouvert, et qu’un volcan d’os éclaté jaillit de son cuir chevelu. Gage le salue en inclinant la tête et lui lance : « Je crois que vous allez avoir du boulot ».
Il avait raison : cent-soixante-ans plus tard, les neurologues continuent à travailler sur son cas !!
Ses plaies cicatrisèrent. Bien qu’ayant le lobe frontal gauche du cerveau largement détruit, il semblait n’avoir aucune séquelle de cette terrible blessure.
A un détail près :
Considéré par tous jusqu’à son accident comme sérieux au travail, attentionné, fiable, sociable et doux, il devint brutal, menteur, tricheur et, surtout, extrêmement grossier et capricieux.
Il devient impossible pour lui de garder un emploi plus de quelques mois. Changeant sans cesse d’employeur, il s’essaya à la profession de palefrenier, puis conducteur de diligence, puis éleveur de chevaux, sans succès.
C’est grâce à cette histoire qui fit le tour du monde que les médecins s’aperçurent qu’une partie spécifique du cerveau est le siège de nos émotions, de notre capacité à vivre en société et à éprouver des sentiments humains.
Il s’agit du lobe frontal.
Comme tous les organes du corps, la taille du lobe frontal dépend d’un individu à l’autre.
C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas tous le même caractère, la même psychologie, les mêmes émotions.
Certaines personnes naissent avec un lobe frontal sous-développé et ont peu d’émotions. Ce n’est pas de leur faute. Elles peuvent par contre prendre conscience de leur différence, et travailler pour augmenter leur sensibilité.
Réciproquement certaines personnes ont un lobe frontal surdéveloppé et ont donc naturellement une forte capacité à ressentir des émotions complexes. Elles sont, en particulier, capables d’éprouver une grande empathie pour les autres.
Les personnes victimes de la maladie d’Alzheimer, dont le lobe frontal est abîmé, changent complètement de personnalité et peuvent perdre toute capacité d’empathie.
C’est un problème que l’on constate aussi parfois chez les soldats victimes de certaines blessures de guerre à la tête et chez des accidentés de la route.
Cela confirme ce que j’écrivais il y a quelques jours sur les habitudes à suivre pour augmenter votre capacité d’empathie, et récolter de nombreux bienfaits dans la vie.
J’avais signalé, parmi les bienfaits, que les personnes très empathiques sont notamment :
Pour retrouver ma lettre sur l’empathie, et les moyens de l’augmenter, rendez-vous ici.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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Merci de votre part
Très instructif
Juste merci,je ne connaissais pas cette histoire
c’est fou
Bonjour M. Dupuis.
Je connaissais déjà un peu l’histoire de M. Gage. En fait, ce qui m’inquiète c’est qu’il y a 2 mois j’ai eu la tête violemment secouée d’avant en arrière. Depuis:
– esprit moins vif
– difficultés de concentration
– moins d’intuition, plus de difficulté à comprendre les autres, à me projeter dans l’avenir
etc, etc.
Serait-il possible que le choc ait endommagé mon lobe frontal?
Il serait encore plus intéressant de travailler sur la façon dont nait ou ne nait pas la capacité à l’empathis. Vous semblez dire que l’empathie est un trait de caractère inné. Or des scientifiques précient que le stress en inhibant l’action de certaines parties du cerveau “empeche la naissance de l’empathie. Je n’ai pas le temps de rechercher quelle est la partie du cerveau qui est touchée par le stress et qui freine ou interdit la naissance de l’empathie, mais si c’est bien le cas, il faudrait mesurer l’impact et les conséquences du stress que subissent maintenant tous les enfants… Lire la suite »