Le canard, ou le phénix ?
Le canard reste toujours d’un calme olympien. Il a beau manger des kilos de pain, il est toujours le même.
Le canard est résilient.
L’eau glisse sur ses plumes sans laisser de traces. Vous pouvez lui verser un seau d’eau glacée sur la tête, il fait un petit bond de côté, il s’ébroue et continue comme avant, inchangé.
Bien différent est le phénix.
C’est un oiseau majestueux aux plumes couleur de feu. Il vole haut dans le ciel. Il se nourrit d’air et de rosée, autrement dit des choses les plus subtiles.
Mais sa splendeur a un coût… exorbitant.
Alors que le canard reste toujours pareil à lui-même, le phénix vieillit. Il rabougrit. Il se sclérose. Il souffre de plus en plus.
A un moment, cette souffrance devient si terrible qu’il ne bouge plus. Il est comme bloqué sur son perchoir, et fait peine à voir.
C’est alors que, au prix d’un terrible effort, il se met à brûler. Il est réduit en un petit tas de cendres. C’est à ce prix qu’il peut renaître et trouver une nouvelle splendeur.
Dans les légendes les plus anciennes, le phénix ne brûle pas. Il meurt. C’est de son cadavre qu’il va renaître.
Cela symbolise le fait que la renaissance n’est atteinte qu’après une période de souffrance et même de deuil. Changer, acquérir un plus beau plumage, ça ne se fait pas dans la joie et l’insouciance.
Comment fait-on pour devenir sage, meilleur, plus fort ?
Comme le phénix, il faut apprendre àfaire brûler les choses en nous qui sont vieillies, obsolètes.Nos raisonnements dépassés, nos peurs archaïques qui nous bloquent. Tout ce qui nous retient en arrière, qui nous nuit, et va à l’encontre de nos objectifs présents.
Se débarrasser de ses erreurs ; de ses mauvaises perceptions ; de ses mauvaises habitudes ; de nos mauvais penchants, des fausses informations, idées fausses et autres “fake news” qui peuplent notre cerveau, inévitablement.
Mais bien entendu, nous détestons ça. Cela demande du travail. Des efforts. Des sacrifices !!
C’est tellement plus facile de rester comme on est.
Personne n’aime brûler, et encore moins mourir, surtout qu’il y a toujours un doute : va-t-on vraiment renaître après ? Cela paraît si dur, si improbable.
Alors nous faisons le canard. Nous restons comme Porculus, le petit cochon qui est si heureux quand il se baigne dans la “boue bien douce”.
C’est sale, c’est gluant, c’est puant… mais c’est chez nous. On est habitué. C’est tellement confortable.
C’est la raison pour laquelle les vrais phénix sont rares. La légende dit qu’il n’y en a qu’un seul au monde.
Il y a beaucoup plus de canards.
Ainsi la triste vérité est qu’on n’apprend pas forcément de ses erreurs.
Bien au contraire.
Il est fréquent de se masquer à soi-même la signification réelle de ses erreurs. On échoue, mais on n’en ressort pas meilleur qu’avant.
Au contraire, on en ressort pire : encore plus buté, entêté. En effet, comme on s’habitue à tout, on finit par s’habituer à échouer. On souffre de moins en moins, et on est privé du principal moteur pour changer.
Ils valorisent l’échec. Ils font des “fail conferences” où tout le monde applaudit.
Ils apprennent à toujours voir le bon côté des choses :
Cette attitude a l’apparence de la sagesse.
A première vue, cela ressemble à la courageuse attitude du digne Stoïcien qui sait que “tout nuage noir a sa frange d’or”. Jean-Marc Dupuis lui-même en vante les mérites dans ses célèbres newsletters !
Mais il faut faire très attention.
La différence est aussi mince qu’une feuille de papier à cigarette.
Car, si facilement, cela se transforme en imposture, en parodie de sagesse, en simple stratégie bien pratique pouréviter de prendre ses responsabilités.
Cela permet de contourner discrètement le grand défi de l’existence : examiner ses fautes, se remettre en cause, et changer.
On ne fait pas alors le phénix.
On fait le canard (ou Porculus !)
Le questionnement courageux consiste à se dire : “Zut, je suis un imprévoyant. J’aurais dû faire ramoner ma cheminée.” Et de prendre le tempsd’éprouver la brûlure de la blessure,afin que cela s’imprime assez dans la mémoire pour ne plus jamais oublier le ramonage.
Ou de se demander pourquoi leur clientèle est partie, faire la liste, sans s’apitoyer sur soi-même, de tout ce qu’on n’a pas fait, qu’on aurait pu faire, et qui aurait évité la faillite.
Regarder en face avec assez de courage et de lucidité pour éprouver pleinement la morsure du remords,
Ce n’est qu’à ce prix qu’on apprend vraiment à faire plus attention la prochaine fois. A avoir l’œil ouvert, et le bon, tel le faucon (qui est un cousin du phénix) :
A cette condition seulement, “ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort”.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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Merci je partage avec vous mon opinion,réflexion a sa place,et c’est la pure vérité
Comme d’habitude,très bien dit!merci pour cette réflexion.
Génial enfin une personne qui remet aussi en question cette fausse positive attitude qui peux s’avérer très toxique .j’appellerai cela du déni organisé .
Merci
Cette réflexion est arrivée à point nommé. Merci.
Bonjour
Merci de nous proposer cette réflexion .
Je partage votre point de vue. Il y a des personnes qui n’apprennent pas de leurs erreurs, et d’autres qui se remettent facilement en question… parfois trop!
Question de tempérament?
Ce temps particulier nous amène à réfléchir et à réaligner notre vie quotidienne sur nos valeurs. C’est une bonne chose à faire. Merci de nous y inviter avec vos lettres.
Faire table rase des idées préconçues et des préjugés de toutes sortes; puis faire un examen objectif et se forger ses propres opinions sans aucun à-priori; bref, savoir se remettre en question quand il y a lieu de le faire; ça aussi, cela tient du phénix.