Les psychothérapeutes ont mauvaise réputation.
On les soupçonne d’avoir des « théories fumeuses ». D’aggraver les difficultés des gens.
D’être, eux-mêmes, empêtrés dans des tracas personnels : « À quel titre se permettent-ils de donner des conseils aux autres ?? »
Pire, on soupçonne facilement les gens qui vont chez un psy d’être déséquilibrés. « S’il a besoin d’un psy, c’est qu’il ne va pas bien dans sa tête !! »
Veuillez m’excuser si je suis brutal, mais ce sont des préjugés.
Les choses sont plus simples et beaucoup plus positives que cela.
Les psychothérapeutes sont des personnes qui se consacrent à aider leurs patients à moins souffrir dans la vie, et à connaître plus d’expériences positives.
Décident-ils à votre place de ce que vous devez faire ? Pensent-ils qu’ils se débrouilleraient mieux que vous, à votre place ?
Non.
Les psychothérapeutes sont des personnes comme les autres. Ils ont souvent des vies compliquées, eux aussi. Ils ont autant de chances que n’importe qui d’avoir raté leurs études, d’avoir été licenciés, d’avoir divorcé, connu des difficultés avec leur famille, leurs enfants, des deuils difficiles, fait des bêtises…
Ils n’imposent pas leurs choix, leurs opinions, ni leurs valeurs.
Leur rôle est seulement de vous écouter. Vous écouter pour comprendre ce qui est important pour vous, douloureux pour vous, et vous aider à prendre les décisions que vous souhaitez prendre.
Et c’est déjà énorme !
Le métier du psychothérapeute est de vous tendre une oreille bienveillante.
Il vous donne l’occasion de vous exprimer.
Il vous permet d’être écouté par quelqu’un qui ne vous juge pas, qui ne se sert pas contre vous de ce que vous avez dit. Ce n’est pas si courant dans la vie !
En nous permettant de nous exprimer, il nous aide à répondre aux questions qui nous tourmentent :
– Pourquoi les autres ne m’aiment-ils pas ? Pourquoi sont-ils méchants ? Pourquoi est-ce que j’échoue dans tout ce que j’entreprends ? Pourquoi suis-je trop gros ? Pourquoi suis-je si timide ? Et y a-t-il quelque chose que je puisse faire ?
On peut se demander à quoi cela peut bien servir pour le patient de « parler dans le vide ».
Justement, ce n’est pas le cas.
Il est très différent de parler seul dans une pièce et d’être en présence d’une personne, même silencieuse.
C’est vrai qu’il y a là quelque chose de mystérieux. Mais se savoir écouté nous force à mettre de l’ordre dans nos idées et de la cohérence dans nos propos. Cela permet de réfléchir plus facilement que lorsque nous sommes seuls et que les idées se bousculent dans notre tête.
Chez le psychothérapeute, on ne parle pas dans le vide. On parle avec une personne qui nous écoute, et cela fait toute la différence.
Par exemple, un homme va dire à son psychothérapeute :
– « Docteur, je ne supporte plus ma femme, je la hais, j’ai envie de la tuer !! »
Ça y est ! Les paroles terribles sont sorties. Elles sont là. Ni lui ni le psychothérapeute ne peuvent les ignorer. Les deux personnes sont un peu abasourdies. Mais l’homme se rend compte qu’il est allé trop loin.
Il cherche à préciser ce qu’il a voulu dire : « Enfin, attendez, je voulais dire que, parfois, je hais ma femme. Dans certains moments, elle m’énerve, quand par exemple elle ne veut pas me dire ce qu’elle veut. Ma mère faisait toujours ça. Cela rendait mon père fou. Cela faisait souffrir toute la famille, pour être franc. Cela rendait même ma mère folle ! C’était une personne douce, mais elle était pleine de rancune. Au moins, ma femme n’est pas comme ma mère. Pas du tout. Enfin, je veux dire, ma femme communique beaucoup mieux que ma mère, mais cela m’énerve vraiment quand elle ne le fait pas, parce que ma mère nous torturait à toujours jouer les martyrs. Cela m’affectait profondément. Et peut-être que je surréagis un peu quand ma femme fait la même chose. Et, en fait, je réagis comme mon père. Mais en fait, cela n’a rien à voir avec ma femme !!! »
C’est juste un exemple fictif, bien sûr. Mais le fait est que, fréquemment, le discours du patient évolue, se déplace, pour révéler, après quelques heures, le véritable « problème ».
Et le psychothérapeute n’a rien fait d’autre qu’écouter !
Parler nous permet de réfléchir, d’analyser nos échecs et nos réussites.
Analyser nos échecs est très important pour avancer dans la vie : cela nous permet de comprendre ce qui s’est mal passé et, dans la mesure du possible, d’éviter de refaire les mêmes erreurs.
Comprendre nos réussites, ce à quoi nous sommes bons, nous aide à choisir les activités qui nous conviennent le mieux.
Nous voudrions que notre vie soit « meilleure ». D’accord.
Mais que signifie concrètement « meilleure » pour vous ? Qu’est-ce qui vous plaît vraiment ? Quelles sont les choses que vous souhaitez éviter autant que possible ?
Le psychothérapeute vous aide à prendre un temps pour explorer tout cela. Il vous aide à mettre de l’ordre dans vos pensées, vos désirs, écarter les peurs inutiles, ou prendre en compte les dangers que vous aviez ignorés.
Le psychothérapeute dialogue avec vous pour vous permettre de déterminer ce que vous voulez. Ce qui constitue un progrès pour vous, et ce qui constitue une régression pour vous.
Quel est votre objectif ? Où voudriez-vous être dans un an ? Si tous vos désirs pouvaient être satisfaits, si vous pouviez avoir « une vie de rêve », en quoi cela consisterait-il pour vous ?
Ce travail est très important.
Répondre à ces questions vous permet d’orienter votre vie selon vos besoins et désirs profonds. Vous pouvez ainsi construire une existence qui vous convienne mieux, ce qui vous rendra plus heureux.
Si nous ne répondons pas à ces questions, nous sommes comme enfermés dans un cercle infernal où nous répétons constamment les mêmes erreurs.
Vous connaissez peut-être le film Un jour sans fin, avec Bill Murray. C’est l’histoire d’un homme désagréable et malheureux qui se retrouve dans une ville qu’il juge sans intérêt. Il souhaite partir au plus vite. Mais il est pris dans le blizzard et il est obligé de revenir dormir à son hôtel. Le lendemain, il se réveille et se rend compte que la journée de la veille recommence. Il croise les mêmes personnes, qui lui disent la même chose. Chaque jour, ça recommence.
Il comprend vite qu’il peut en profiter pour tromper les gens, voler, se goinfrer. Mais sa vie devient tragique. Il finit par se suicider. Mais, comme à chaque fois, il se réveille dans son lit comme si rien ne s’était passé !
C’est drôle ! Il finit par briser la malédiction (je ne vous dis pas comment). Mais ce qui est intéressant, c’est que nos vies ressemblent souvent à cela : les mêmes enchaînements qui se reproduisent, les histoires qui finissent toujours de la même façon. Et l’impression de piétiner, de tourner en rond.
C’est là qu’intervient le dialogue avec le psychothérapeute.
On met les choses à plat, on fait le point, on décide d’une direction, et on se met en route.
On brise la « malédiction », le « cercle infernal », qui n’est pas une image symbolique, mais une réalité très concrète.
Faire une psychothérapie ne peut jamais être dangereux. Au pire, cela ne vous servira à rien.
Mais il y a bon espoir qu’une psychothérapie vous aidera à connaître plus d’émotions positives comme la joie, l’amour, la sérénité, la fierté, la gratitude, l’espérance, l’excitation, l’émerveillement. Cela en vaut la peine ! Et cela ne veut pas dire que vous avez un « problème », simplement que vous êtes humain.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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Bonjour, Un élément que je vous suggère d’ajouter à l’article : Le titre “psychothérapeute” est désormais protégé par la loi. c’est l’agence régionale de santé qui délivre cette accréditation. Donc, n’importe qui ne peut se dire “psychothérapeute”. Notons au passage qu’un psychologue ou un médecin ne sont pas psychothérapeute d’office. Ils doivent pour cela remplir des conditions supplémentaires spécifiques. Un psychiatre, même n’ayant fait aucune formation à la psychothérapie !, a le titre de psychothérapeute… Actuellement, seule la Fédération Française de Psychanalyse et Psychothérapie valide de manière juste la qualité d’un psychothérapeute. Elle nomme ces derniers “psycho-praticiens”. En résumé, bien… Lire la suite »
Merci M. Dupuis pour ce bel article intelligent et bien écrit.
Très joli commentaire sur le rôle du psy ! Juste et utile. Belle journée !
Bonjour , Avant tout , je veux dire merci à Jean-Marc Dupuis pour cette mise au point remarquable du rôle des psy et de leur mission dans la vie des personnes en souffrance. Je suis moi-même psy depuis plus de 40 ans et si j’ai vu les opinions évoluer, je dois dire que les préjugés sur les psy sont encore puissants. Qui plus est, un grand nombre de personnes ne font pas la différence entre les psychanalystes, les psychothérapeutes, les psychiatres… S’il est important de se renseigner sur les diplômes du psy que vous allez consulter, sachez que ça ne… Lire la suite »
Bravo pour votre commentaire auquel je souscris entièrement. J’ai le même ressenti, la même analyse.
Merci pour cet article tellement vrai !!! Il faut que les mentalités changent vraiment; les psys ( quand on a trouvé celui qui nous convient ) nous aident par leur bienveillance à trouver nos réponses seuls , nos solutions ; ils nous aiguillent , nous sortent du brouillard , nous donnent le recul que l’on n’a pas pour s’en sortir , quand tout va mal J’ai vécu des choses terribles dans mon enfance ( abus sexuels de mon beau père , mère perverse narcissique qui passé sa vie à me dénigrer , me détruire sous ses airs de mère parfaite… Lire la suite »
de 40 ans à 65 ans j’ai fait environ 15 ans de psychotherapie qui m’ont permis d’avancer et de faire le menage dans ma famille ayant eu une mere manipulatrice de haut vol.,un père alcoolique qui s’est suicidé quand j’avais 20 ans …Je pense avoir en partie soigné ma famille et je continue en faisant des constellations familiales…