Une très mauvaise chose que nous avons faite en 2019, c’est d’avoir encore réduit notre temps de sommeil.
Selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), les Français ne dorment plus, en moyenne que 6h42 par nuit. [1]
C’est trop peu.
Dans les années 1940, les adultes dormaient en moyenne plus de huit heures par nuit.
Nos nuits ont raccourci d’une heure trente en soixante-dix ans. Cela représente une baisse de 20 %. C’est gigantesque.
Notre rythme veille-sommeil s’est développé, en même temps que notre cerveau, sur des centaines de millions d’années.
Une fonction aussi importante de notre biologie et de notre psychologie ne peut pas être modifiée si profondément et si vite sans graves conséquences.
Selon le spécialiste du sommeil Matt Walker, professeur de neurosciences et psychologie à Berkeley (Californie) :
“Basé sur plus de 10 000 études scientifiques, aucune personne ne peut dormir moins de six heures par nuit sans que cela n’entraîne de déficiences.”
Mais on peut ajouter à cela les comportements aberrants que l’on observe de plus en plus souvent, à tous les niveaux de la société.
Instabilité des couples et des familles, conflits professionnels, comportements économiques absurdes, non-prise en compte des conséquences de nos actes (sur le long terme comme sur le court terme), choix politiques aventureux, élections de candidats fantasques aux postes à plus haute responsabilité.
De plus en plus souvent, on entend des expressions comme : “on marche sur la tête”, ou “y a-t-il un pilote dans l’avion ?”, ou “il n’a plus les yeux en face des trous”.
Mais cette impression de chaos, de n’importe quoi, d’absurde, n’est pas une illusion collective.
C’est une réalité. A force de manquer de sommeil, notre capacité collective de réflexion, et donc de décision, est gravement affectée, avec des conséquences sur le monde réel.
Pour les adultes, le monde moderne est rempli d’entraves à leur sommeil.
La caféine, qui nous tient éveillé. Le tabac, qui excite. L’alcool, qui fractionne le sommeil et nous prive de rêves.
Nous avons des matelas confortables mais nous sommes environnés de lumières, voyants lumineux et bruits continus.
Les systèmes de chauffage central et climatisation entrent en collision avec notre rythme circadien (veille-sommeil). Lorsque le soleil se couche, la température chute, ce qui aide notre corps à se refroidir, pour se préparer au sommeil. Réciproquement, au petit matin, l’air se réchauffe, ce qui nous aidait autrefois à nous réveiller. Tout cela a disparu de nos intérieurs de plus en plus isolés et donc indépendants des températures extérieures.
Nos écrans LED émettent une lumière bleue particulièrement puissante pour nous empêcher de dormir.
Les messages, jeux et sollicitations diverses que nous obtenons de nos tablettes et smartphones ne s’arrêtent jamais. A minuit, il est encore temps de vérifier “une dernière fois” notre téléphone. Le moindre message ou la moindre nouvelle intéressante peut alors nous maintenir éveillé quinze minutes supplémentaires, ou plus.
Nous n’avons aucune idée des améliorations que nous pourrions obtenir, dans notre propre vie comme dans le monde en général, si nous parvenions à reconquérir notre droit de dormir nos huit heures par nuit.
Mais nous ne l’obtiendrons pas en restant les bras croisés.
Une prise de conscience collective est urgente et indispensable.
C’est bien sûr toute une discipline de vie, un art de vivre ensemble, qu’il faut retrouver. Mais si nous ne prenons pas en charge cette urgence, l’humanité sera encore moins capable d’affronter les grands défis qui lui font face.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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A ajouter aux nuisances citées celles des ondes. Personnellement il y a 11 ans que je dors plus. Je tombe dans un état comateux une heure ou deux puis réveil brutal. Obligée de me lever. Ne supporte plus les infrasons qui énervent mon corps et qui activent mes neurones. C’est insupportable. A Ajouter la Wifi qui occupe le côté gauche de ma boîte crânienne pour faire pendant aux infrasons perçus par le côté droit. Quelle pagaille dans ma tête ! Voilà ce que c’est que de vivre près de ces éoliennes que les bobos adorent ! Les infrasons ont été… Lire la suite »
Bravo pour votre article sur le manque de sommeil. Bien dormir est essentiel pour rester en bonne santé, actif et l’esprit clair pendant la journée. Mais retrouver un bon sommeil est encore plus important quand on est malade, ou hyperactif, ou dépendant de drogues (alcool et café). Bien dormir et suffisamment longtemps est également indispensable pour sentir naturellement la joie de vivre, le plaisir d’atteindre des objectifs personnels et vivre en harmonie avec ses proches (famille ou amis). Il est impossible d’être heureux si l’on est constamment stressé et sous tension. Merci pour cet article.
Notre monde est de plus en plus débile et paradoxalement, l’inculture de notre jeune génération pense juste le contraire ! Allez, … un petit porto et au lit ! :o)
Pourtant je viens d’entendre 2 scientifique dire qu’eux ne dormez que 2h par jours et qu’ils étaient en pleine forme et que de dormir trop tout les jours entraînerait des avc alors que faut-il croire ?
Bonjour,
La télévision est aussi grandement responsable: en effet, quand j’étais enfant, les infos commençaient à 19h et le film ou l’émission du soir commençait juste après soit 20h au plus tard.
Aujourd’hui, c’est vers 21h10 que le film commence. Voilà bien une heure de sommeil perdue, sans compter tout ce que vous avez cité dans votre lettre dont je vous remercie.
Je suis quasi parfaitement d’ accord avec cette analyse sur le manque de sommeil. En tant qu’ enseignant remplaçant du 1er degré, je tiens à faire remarquer qu’ il semblerait qu’ une prise de conscience ait été décrétée au sein de la formation des médecins. Dernièrement, trois jeunes étudiants de médecine sont intervenus dans plusieurs classes d’ une même école et ceci à plusieurs reprises , de manière interactive, pour expliquer le phénomène du sommeil et les conséquences de son manque.