Chère lectrice, cher lecteur,
Lorsqu’une personne me dit qu’elle se sent dépressive, je commence toujours par lui demander :
Si la personne me répond oui à toutes ces questions et qu’elle se sent malgré tout dépressive, alors je considère qu’elle a, en effet, une maladie.
Personne ne peut dire que « tout va bien » dans sa vie. Toutes les vies sont tragiques à leur façon.
Mais il y a malgré tout des personnes dont la vie est aussi agréable que possible et qui répondront oui à toutes ces questions.
Si elles se sentent malgré tout dépressives, je leur recommande vivement d’aller voir un médecin qui leur prescrira une thérapie cognitive ou comportementale (TCC), ou des antidépresseurs.
Je déteste les antidépresseurs, et je ne crois pas beaucoup à la TCC. Mais mieux vaut cela que de rester sans rien faire avec la furieuse envie de se suicider. Car, une fois que la personne est passée sous un train ou s’est jetée d’un pont, il est trop tard pour faire quoi que ce soit (et, bien entendu, les personnes dépressives ont un risque démultiplié de se suicider).
Et même sans aller jusque-là, la dépression est une catastrophe : elle fait peser un poids énorme sur l’entourage, et elle a de graves conséquences physiologiques sur la personne qui arrête de se nourrir, de se lever, de vivre normalement.
La maladie dépressive peut alors être considérée comme une maladie comme le diabète, la grippe ou l’eczéma. La médecine la soigne mal, très mal même, mais c’est mieux que rien, comme pour tant d’autres maladies. En un mois d’antidépresseurs, vous saurez si cela marche pour vous. Sinon, il faut arrêter le traitement progressivement.
Toutefois, la vérité est qu’il est très rare qu’on me réponde oui à ces sept questions.
En général, les gens ont au moins un ou deux de ces sept points qui ne vont pas dans leur vie, ce qui reste supportable.
Mais attention : le tableau change si vous avez trois points ou plus qui vous manquent. Vous êtes alors en zone dangereuse.
Il est probable que vous ressentiez une angoisse ou l’impression d’être malheureux, voire très malheureux. Mais ce n’est pas la « maladie dépressive ». C’est la vie qui est difficile avec vous.
Il faut regarder en face le fait que nous avons des besoins essentiels en tant qu’êtres humains.
Il est normal de se sentir malheureux quand on manque d’amour, quand on ne se sent pas valorisé, quand on souffre au travail, quand des malheurs s’abattent sur notre tête, ou quand nous faisons des choses dont nous ne nous sentons pas fiers.
On se trompe si on essaye alors d’apporter une solution médicale au problème. Et c’est certainement la raison pour laquelle des études scientifiques montrent que, sur le long terme, la plupart des traitements médicaux contre la dépression échouent, TCC ou antidépresseurs [1].
Si, donc, vous répondez non à trois questions ou plus dans la liste, il est important de faire la liste des choses qui ne vont pas dans votre vie et de travailler à les améliorer.
L’important alors est d’être réaliste, car la vie est compliquée et on atteint facilement le point où tout paraît tellement embrouillé qu’on ne sait pas par où commencer.
Le « truc » pour vous en sortir, c’est d’apprendre à négocier avec vous-même.
Vous négociez sur la chose minimale à faire, qui vous permettra de considérer que vous avez progressé. Par exemple :
Puis essayez d’avancer à petits pas sur ce point précis, dont vous avez clairement « négocié avec vous-même » qu’il était possible et réaliste.
N’ouvrez pas grand la porte à toutes les choses négatives de votre vie.
Cela risquerait de vous donner l’impression d’être submergé.
Imaginez que vous êtes entouré de boîtes remplies de serpents. Si vous les ouvrez toutes à la fois, tous les serpents vous sortir d’un coup, vous piquer, et vous n’arriverez pas à les rattraper.
Ouvrez une boîte à la fois, très précautionneusement. Laissez sortir un petit serpent et écrasez-lui la tête. (C’est une image, bien sûr ; dans la nature, il faut laisser les serpents vivre tranquilles !)
Écraser un petit serpent vous donnera un premier sentiment de satisfaction, qui vous donnera l’énergie d’en faire sortir un deuxième de la boîte, puis un troisième…
Progressivement, vous allez vous aguerrir. Vous tuerez des serpents de plus en plus gros, de plus en plus vite.
Et il y a de bonnes chances que déjà, dans ce processus, votre sentiment de malheur commence à s’envoler.
Car il faut se souvenir que ce qui fait notre joie n’est pas d’atteindre un objectif, mais de faire des pas qui nous rapprochent de notre objectif.
Ainsi, souvent vous constatez qu’une personne qui a travaillé des années pour obtenir un diplôme, se sent toute « bizarre » une fois passé l’examen. Je viens d’en faire encore l’expérience avec ma fille et son bac français.
Ce qui est bon dans la vie, c’est de se mettre en route. Faire un pas, puis un autre, dans la bonne direction.
Commencez par faire le bilan, et partagez avec moi si vous le souhaitez les points sur lesquels vous ressentez le besoin de progresser. Je serais ravi de pouvoir vous aider et vous soutenir dans votre cheminement.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Sources de cette lettre :
[1] Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 2018, 57: 471.
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Ce qui me fais bondir, c’est que Jean-Marc Dupuis, ne se dédaigne même pas de répondre aux critiques que je lui adresse……..Ce qui, vous en conviendrez n’est pas très sérieux de sa part !
Je trouve votre article fort intéressant, très bonne synthèse qui permet de se situer rapidement et de déclencher le processus permettant de trouver
une solution
Pour un. journaliste de la santé je vous trouve bien arrogant à vous prendre pour un psy !!
Par ailleurs il est faux de prétendre ” partager” quoique ce soit avec vous puisque vous ne répondez à AUCUN message . TB
Bonjour, La vérité sort du puis, évidemment… Mais la vérité peut encore de conforter, selon mes observation et mes lectures de spécialistes : – Pourquoi ne parlez-vous pas, comme cause sans doute principale, de nos modes éducatifs qui affaiblissent les individus ? Parce que, cela semble bien établit “scientifiquement”, que les tress, la souffrance psychique, le sentiment d’abandon, la séparation trop précoce (à trois mois !) d’avec le milieu familial (les parents), puis l’école à trois ans, et pire encore, à deux ans etc., etc. ont pour résultat des cerveaux ma-lformés et donc en mauvais état de fonctionnement (comme c’est… Lire la suite »
M. Dupuis, Mille mercis pour cet article, très inspirant. Je me suis reconnue quand je passe une période difficile de ma vie: deuil dun conjoint ou apprendre que ton conjoint fait de la dégénérescence maculaire sèche aux deux yeux alors que tu en prends soin de ton mieux, avec toutes les responsabilités que cela exige.. Je fais confiance à la vie et je demande de laide aux organismes qui peuvent nous aider, comme le regroupement des aidants et aidantes naturels de Montréal et Appui Montréal. Grâce à eux, nous avons des ressources qui peuvent nous guider et nous diriger vers… Lire la suite »
Bonjour, Comme je me suis retrouvée dans ces questions! boulot pesant, pas d’affectif , solitude …..c’est tolérable jusqu’a un certain point et comment fait on pour supporter tout ça . Je n’ai jamais pris de traitement mais mon moral n’est pas toujours au beau fixe et le découragement souvent présent. Et justement le passage à l’action est difficile car je ne sais dans quel sens aller ….. Alors on avance parce qu’il le faut bien mais c’est pesant et pas motivant… je vais donc essayer de me mettre en route pour trouver la bonne direction mais quelques conseils me seraient… Lire la suite »