« Un jour, j’avais les pieds nus et aucun moyen d’obtenir des chaussures. J’allai trouver le chef de Kufah, dans un état de grande misère. Et là, je vis un homme qui n’avait pas de pieds. Je me tournai vers Dieu pour lui rendre grâce, repartis, et supportai désormais mes pieds nus avec patience. »
Golistan de Saadi (poète persan du XIIIe siècle).
De toutes les recherches que j’ai faites sur la capacité de guérison du rire, aucune histoire ne dépasse celle de Norman Cousins.
D’accord : je sais déjà que certains vont m’écrire pour me dire que cette histoire est anecdotique ou même qu’elle est exagérée.
N’empêche que cette affaire illustre selon moi un phénomène qui est beaucoup plus courant qu’on ne le dit : un malade décide de se prendre en main et de changer radicalement d’attitude face à la maladie. Et voilà que, solidement installé dans le siège du pilote, tenant enfin les manettes de sa propre vie, il se met brutalement – et inexplicablement – à aller mieux.
A-t-on besoin de croire aux miracles pour accepter cela ? Je suis persuadé que non.
C’est pourquoi j’ai décidé de raconter l’histoire de Norman Cousins, selon le récit qu’il en a fait lui-même dans son livre « Comment je me suis soigné par le rire »
[1].
Norman Cousins était un journaliste américain très connu, rédacteur en chef de la Saturday Review.
En 1964, ses médecins lui apprirent qu’il était atteint de spondylarthrite ankylosante. C’est une maladie incurable de la colonne vertébrale provoquant des douleurs dans le bas du dos et un raidissement articulaire. Tendons, ligaments et articulations se calcifient. À terme, les vertèbres ne forment plus qu’un seul bloc…
Cette maladie est très douloureuse, mais n’a pas de traitement à part des anti-douleurs, dont les effets secondaires peuvent être redoutables. Norman Cousins raconte même que ses médecins ne lui donnaient pas 1 chance sur 500 de survivre [2].
Confronté à ce sombre avenir, Norman Cousins se lança dans ses propres recherches. Il avait en effet une formation médicale, ayant été professeur adjoint à l’Ecole de Médecine de l’UCLA [3], et il fit trois choses absolument contraires à l’avis de ses médecins.
La première fut d’étudier à fond tous les médicaments qu’il prenait. Il découvrit que ses traitements épuisaient ses réserves de vitamine C et, sur la base de ses recherches personnelles, parvint à convaincre ses médecins d’arrêter de lui donner plusieurs médicaments, et de lui injecter de très hautes doses de vitamine C, dont il estimait qu’elles étaient son dernier espoir.
Ensuite, Cousins décida de quitter l’hôpital et de s’installer dans une chambre d’hôtel. Il estimait que les hôpitaux, avec leur nourriture déplorable, leur hygiène douteuse, leur culture de la surmédicalisation, leur atmosphère de négativité et leur perturbation systématique du rythme du sommeil des patients, n’étaient « pas des endroits faits pour les personnes vraiment malades », selon ses termes.
Troisième chose, Cousins se procura un projecteur et un stock de films comiques, dont de nombreuses « Caméras cachées » et des films des Marx Brothers. Durant sa première nuit à l’hôtel, il rit tellement en regardant ces films qu’il parvint ensuite à dormir plusieurs heures sans ressentir de douleur. Le rire avait stimulé sa production d’endorphines, des produits chimiques aux effets anesthésiants fabriqués naturellement par le corps.
Lorsque la douleur se réveillait, il remettait les films en route et, après avoir bien ri, parvenait de nouveau à s’endormir.
Il raconte qu’en mesurant sa vitesse de sédimentation, un des examens de routine effectué au cours d’un bilan sanguin et qui permet de mesurer l’inflammation et les infections, il observa que son taux diminuait de 5 points chaque fois qu’il regardait un de ces films.
Il put bientôt arrêter tous les médicaments, sauf la vitamine C et le rire.
Il décrivit les semaines qui suivirent comme une longue cure de rire qui le ramena peu à peu à la santé. Il put ainsi reprendre son travail à la Saturday Review, tandis qu’il continuait son traitement original.
Il est évident que le succès de ce traitement a beaucoup tenu à l’attitude même que Norman Cousins décida d’adopter.
En plus de garder, et stimuler, sa capacité à rire, c’est un homme qui croyait profondément en l’amour, la foi, et l’attitude positive face à l’existence (il fut un combattant acharné du désarmement nucléaire). Sa force de caractère et sa volonté de vivre contribuèrent certainement à sa guérison miraculeuse.
Alors qu’il était à l’hôpital, il théorisa le fait que, si les émotions négatives comme la colère et la frustration peuvent nuire à la santé, cela pouvait aussi vouloir dire que, réciproquement, des émotions positives comme la joie et le rire pouvaient avoir l’effet opposé.
Certains parleront évidemment d’effet placebo. Mais Cousins s’est posé lui-même la question. Il en conclut que la créativité est la cause centrale de l’effet placebo : elle déclenche une chaîne d’événements dans le corps qui rétablit les équilibres (homéostasie) et l’impression de bien-être.
On peut donc, par l’effet de la volonté, déclencher un effet placebo, entraînant la guérison.
Il attribua enfin une grande partie de son succès à sa relation très proche et amicale avec son médecin, qui soutenait à deux mains sa démarche et l’encourageait dans son approche expérimentale malgré le fait qu’elle ne correspondait pas aux idées préconçues de la médecine.
Cette importance capitale de la relation patient/médecin est presque universellement reconnue et vérifiée statistiquement comme le facteur le plus important dans les chances de guérison en psychanalyse. Mais la chose pourrait-elle également être vraie dans le monde de la médecine ? Le cas de Norman Cousins contribue à nous le faire penser.
L’aspect le plus fascinant de l’histoire de Norman Cousin était sa capacité à rire, malgré des douleurs intenses et, très probablement, une grande angoisse, celle qui s’empare de toutes les personnes à qui l’on annonce qu’elles sont atteintes d’une maladie incurable.
Mais il mit un point d’honneur à rire jusqu’à se faire mal à l’estomac, de ce rire inextinguible qui allait jusqu’à déclencher un puissant effet antidouleur. Dans son livre, il cite de nombreux penseurs qui, à travers les âges, avaient réalisé comme lui la capacité de guérison du rire, et cette liste inclut le philosophe anglais Francis Bacon, Emmanuel Kant, Sigmund Freud et le Dr Albert Schweitzer. Sans doute cette liste pourrait être beaucoup plus longue.
Car ultimement, le rire pourrait être un moyen pour l’être humain de sortir de lui-même, de ses limites, et de trouver l’itinéraire qui le ramène à la santé. C’est pourquoi le voyage de Norman Cousins qui, grâce au rire, l’a ramené à la vie, peut être pour nous tous une source d’inspiration.
À votre santé,
Jean-Marc Dupuis
Sources de cet article :
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Le rire est une thérapie sur tous les plans, reconnue par la médecine. La joie apporte la paix, l’amour, le pardon, la simplification, etc. Rester toujours joyeux fait pénétrer la joie dans le cœur, c-a-d en profondeur, dans les neurones, les cellules du système immunitaire, l’ADN, etc. Ces derniers sont sensibles aux émotions, sont à leur écoute. Une fois qu’ils sont immergés par la joie et toutes les autres émotions qui l’accompagnent, ils déclenchent une guérison et une revivification sur tous les plans, même pour le pilotage de notre vie. 1 Thessaloniciens 5:16 RÉJOUISSEZ-VOUS TOUJOURS. Proverbes 17:22 : Un cœur… Lire la suite »
C’est intéressant. Mais les propos rapportés sont exagérés et trompeurs. Par exemple, il est écrit : “Norman Cousins raconte même que ses médecins ne lui donnaient pas 1 chance sur 500 de survivre”. C’est archi faux ! On ne meurt pas de spondylarthrite. Selon Cousins, c’est “1 chance sur 500 de GUERIR” !! Ceci me rend prudent pour le reste de l’article et sur les espoirs de guérir une pathologie complexe et mal connue. En fait, on ne guérit pas de cette pathologie, on peut espérer une rémission, car elle est liée à un terrain génétique qui ne peut évidemment… Lire la suite »
Il y a des millions de guérisons par l’effet placebo. Car il entraîne la joie, la paix, par la confiance ou la foi en le traitement concerné. Les neurones, les cellules du système immunitaire et l’ADN sont sensibles à ces émotions et se mettent à établir la guérison de toutes sortes de maladies. Le problème, c’est que nous sommes intensivement bombardés d’émotions négatives par la télé, les réseaux sociaux, la gestion des innombrables pandémies et des conflits, la structure et le fonctionnement de la société. Ces émotions négatives créent en nous l’effet nocebo, alors qu’on devrait créer nous-mêmes l’effet placebo… Lire la suite »
Journaliste en retraite j’ai interviewé un jour le Professeur Aron de Tours (cousin de Raymond le philosophe) qui écrivit un ouvrage sur la “gélotothérapie” du grec” gélotos” le rire et disait qu’en effet le rire avait une fonction thérapeutique indéniable sur l’organisme car, selon lui, tous les muscles et organes vitaux se mettaient à vibrer ce qui provoque une restauration physique et mentale très précieuse.
bjr, une amie m’a envoiyé votre article que j’ai lu avec bcp d’intéréts . J’ ai eu un cancer , puis mon mari qui en est mort ! je fais comme Norman Cousins , je fuis tt ce qui est triste et ne m’entoure que de personnes et de choses gais Bon courage à tous.
Bonjour Veronique, tu parles de ta guerison grace a la vitamine c. Peux tu me dire si un glaucome peut etre traite a la vitamine c ? Je te remercie pour ta reponse.
Bonjour. Depuis trois ans attristée par la mort de ma fille, je ne riais plus. Il y 6 mois environ à la suite d’un fou rire je me suis sentie soulagée et depuis je continue: je ris seule, en compagnie, tout est prétexte à rire.
Je vous conseille aussi le yoga du rire que je pratique parfois en groupe.
Je prends tous les jours 500mg de vitamine C.
Je réponds aussi à Catherine, j’ai un glaucome fort stabilisé , je ne crois pas que le calcium a une incidence quelconque mais lâcher prise et rire , oui cela est bénéfique.
Je ne conteste pas votre thérapeutique par le rire et les vitamines,mais à mon avis il,y a des moyens de se soigner plus efficaces que ça.Je parle par exemple de l’homéopathie,de la méthode beljanski,etc.