Dans une étude allemande portant sur 2400 adultes de plus de vingt ans, les personnes qui projetaient de grandir et de se développer dans leur grand âge ont effectivement vécu en moyenne treize ans de plus que les autres. [1]
Faire des expériences nouvelles, suivre des cours, voyager, et résister aux pensées négatives associées à la vieillesse améliore la longévité, selon ces chercheurs.
Mais, me direz-vous, comment rester motivé alors qu’on vieillit ? Comment, surtout, “résister aux pensées négatives associées à la vieillesse”, quand le corps se déglingue et que l’esprit patine ?
C’est une bonne question.
L’important est de commencer par y croire. Se convaincre qu’il est possible de trouver une forme de beauté dans la vieillesse, malgré les inévitables problèmes de l’âge.
Regardons attentivement, par exemple, le visage de ces personnes photographiées le jour de leurs 100 ans : [2]
Ou, sans aller si loin dans le temps, prenons cette photo d’Anna Orso, artiste italienne décédée à 73 ans (c’était en 2012) : [3]
Je ne sais pas pour vous, mais en contemplant ces photos, je ressens comme des petites bulles d’air toutes claires qui remontent à la surface dans une mare aux eaux boueuses et noirâtres.
Des émotions différentes surgissent dans ma conscience : un apaisement, une satisfaction calme, un appel au bonheur, une joie profonde bien plus forts que devant les photos des jeunes actrices et mannequins qui se bousculent au cinéma, sur Instagram et dans les publicités.
Ma poitrine se libère. Mon souffle devient plus profond, et régulier. Mon rythme cardiaque ralentit. Je me détends.
Pourquoi ?
Parce que, en voyant ces personnes âgées et belles, je me remémore que la vie peut aller dans le bon sens.
Que les années qui passent peuvent être des années qui enrichissent, qui perfectionnent, qui libèrent, plutôt que des années qui abîment et qui détruisent. Je me souviens que, si la jeunesse peut avoir la beauté du corps, la vieillesse peut avoir celle de l’âme, si on décide de travailler dans ce sens…
Chez les personnes âgées, la question n’est pas (n’est plus) de savoir si elles ont des cheveux blancs, des rides, des plis, les oreilles trop grandes ou le nez de travers.
Tout cela n’a plus d’importance.
Ce que nous scrutons inconsciemment, face au visage d’une personne âgée, c’est la franchise du sourire, la clarté du regard, la signification véritable de leur expression. Les yeux sont le miroir de l’âme, dit le proverbe. C’est un âge où les traits ne peuvent plus mentir, comme dans le roman d’Oscar Wilde “Le portrait de Dorian Gray”
Qui avons-nous en face de nous ?
Une personne bienveillante, au regard pétillant, au sourire sincère, à l’œil pétillant, sereine et digne de confiance ?
Ou au contraire, un esprit tortueux, cynique, un visage déformé par les tics et les grimaces traduisant l’amertume, la méchanceté, la joie mauvaise et le besoin de vengeance ?
Lorsqu’il a créé la sorcière dans Blanche-Neige, Walt Disney a réussi le prodige de réunir, en un seul dessin, la caricature de ce que peut devenir une méchante personne :
Or, on le sait, personne d’autre que nous-mêmes ne peut décider de la direction que nous allons donner à notre vie, et donc aux expressions qui vont marquer notre visage dans notre grand âge.
S’il est vrai que les jeunes ne décident pas des traits de leur visage, ni de leur taille, ni de leur silhouette, nous sommes tous sur un pied d’égalité quand il s’agit de décider de devenir – ou non – une reproduction vivante de la sorcière de Blanche neige.
Car il existe aussi, dans nos mythes, contes et légendes, une haute figure d’autorité, à la voix grave, respectée, écoutée : le noble vieillard à la barbe blanche.
C’est Dumbeldore dans Harry Potter, Gandolphe dans le Seigneur des Anneaux, Merlin l’Enchanteur, Moïse, Abraham, ou encore le Dr Faust :
Il est vieux mais, comme on le voit sur cette magnifique image, issue du film Faust de Murnau (1926), tous les visages sont tournés vers lui avec un maximum d’attention.
Faust suscite l’admiration, parce qu’il a consacré sa longue vie, manifestée par sa longue barbe blanche, à réfléchir, étudier, rechercher la connaissance et la vérité. Sa science est symbolisée par l’épais grimoire qu’il tient sur son bras.
Il a consacré sa vie à sortir de la naïveté, de l’ignorance et de l’inexpérience de la jeunesse. Il a du pouvoir sur les autres parce qu’il a su prendre le pouvoir sur lui-même.
Réciproquement, existe la figure inverse du sorcier maléfique. C’est l’homme qui a utilisé sa vie à cultiver le raffinement du mal. Le mauvais vieillard est encore infiniment pire que le mauvais jeune, car il a l’expérience.
C’est la figure noire de Voldemort, le roi-sorcier d’Angmar, Méphistophélès ou encore du méchant magicien Jaffar.
Plutôt, donc, que se fixer l’objectif abstrait de vivre longtemps ou d’être heureux en étant vieux, je propose l’objectif concret d’arriver à un âge avancé avec un beau visage.
Ressembler, autant que possible, à un de ces joviaux centenaires. Et le moins possible à la sorcière de Blanche-Neige.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Sources:
[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35201819/
[2] Série de portraits par Karsten Thormaehlen, https://bitrebels.com/lifestyle/happy-at-one-hundred-aging-can-be-beautiful-10-pics/
[3] Crédit photo: DR
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Merci beaucoup pour votre article très intéressant et tellement vrai
C’est magnifique de bien vieillir .
Cordialement,
Camille Stephens.
Bravo pour cet article
Sur tous vos articles, il y a une longue liste à lire, ne croyez-vous pas que ce serait plus constructif de donner votre solution, le prix ou les articles à se procurer et les explications après. Vu la longueur, très souvent je ne lis pas et efface le message. Il est possible que ce soit intéressant, mais si c’est un roman avant la solution, je passe. À bientôt.
Merci Jean Marc pour cet article revigorant et optimiste sur la vieillesse. A 74 ans, dans une situation financière délicate , j’ai fait le choix d’apprendre et de chercher la vérité (santé et politique) encore et toujours, de lire tous les soirs une BD de Sempé ou de Voutch suivi d’un quart d’heure de lecture d’ordre spirituel avant d’éteindre…
Tout cela entre les gardes de mes petits enfants source inépuisable de joie et de câlins
Quand je vois votre nom dans mes mails, je me précipite pour vous lire et ne suis jamais déçue. Merci….