Cher ami,
Je ne sais plus si je vous l’avais déjà dit, mais j’ai été enseignant pour l’éducation nationale pendant plusieurs années.
Une chose m’a particulièrement marquée.
Presque un élève sur trois dans mes classes était diagnostiqué d’un “trouble” psychologique.
Troubles de l’attention et hyperactivité (TDAH), souvent associé à une présomption de Haut potentiel intellectuel (HPI) et des “Dys” : dyslexie, dysgraphie, dyspraxie…
C’est un phénomène que j’ai vu s’accentuer au cours des années et je pose donc la question…
S’agit-il d’une véritable épidémie ou bien d’un effet de mode ?
Je précise avant d’aller plus loin que je ne veux vexer personne et qu’il ne s’agit, ni plus ni moins, que de mon avis personnel (et je suis d’ailleurs curieux de lire le vôtre).
Chez toutes les espèces animales, les parents arrivent à distinguer leur progéniture même au milieu de milliers d’autres…
C’est le cas des manchots empereurs de l’antarctique par exemple, qui arrivent à distinguer le cri de leur bébé parmi tous les autres de la colonie !
Et pour nous c’est pareil, nous pouvons reconnaître la silhouette de notre enfant en un clin d’œil dans une cour de récréation…
Pour un parent, son enfant est toujours spécial, différent des autres.
Mais parfois cela devient une revendication, et même une projection du parent pour qui son enfant spécial devient un moyen de se dire que lui aussi est donc… Un parent spécial.
Ainsi à la moindre difficulté d’un enfant (difficulté avec l’orthographe, la lecture ou l’écriture, des difficultés à rester concentré) la science à su trouver un terme, et même un diagnostic, pour
conforter les parents dans l’idée que leur enfant n’est pas juste un enfant un peu turbulent, mais bien… Un enfant spécial.
Parmi les diagnostics posés sur les jeunes élèves, celui que j’ai le plus souvent rencontré c’est le TDAH, pour trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
Cela se caractérise par une difficulté de l’enfant à rester concentré sur les devoirs en classe et une propension élevée à se lever et à discuter avec ses camarades…
Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous.
Ce qui a changé, c’est qu’on croirait à une véritable épidémie tant le nombre de ces “diagnostics” s’accroît d’année en année.
Ce qui est au fond assez pratique pour certains parents, puisqu’au lieu de se voir entendre que leur enfant est juste un élève un peu dissipé comme les autres… Celui-ci est rendu “spécial”, unique,
différent des autres.
Et cette logique est entérinée par ce nouveau vocable médical : « Non votre enfant n’est pas juste un élève dissipé, votre enfant a un TDAH ! ».
Ah ! Dans ce cas alors, tout va bien !
Et puisqu’à un “trouble” on associe toujours un traitement, ces enfants sont mis sous Ritaline, un puissant psychostimulant à base de méthylphénidate, proche des amphétamines… !
Plus de quoi douter : s’il prend des médicaments, c’est qu’il a vraiment quelque chose.
Pourtant quand on s’y penche de plus près…
Une autre chose a changé ces dernières années : l’arrivée des smartphones dans la vie des enfants.
Et notamment l’utilisation de certaines applications conçues par leurs créateurs pour être diablement addictives, comme Tik Tok.
Le principe est simple : des vidéos courtes où l’on voit d’autres jeunes faire des danses et des blagues apparaissent à l’écran et il suffit de “scroller” (défiler) pour en voir des nouvelles.
Je ne rentre pas ici dans les détails scientifiques dont vous avez les résumés partout, vous savez les dangers que représentent les écrans pour la construction du cerveau et de la cognition…
Un jour, j’ai demandé à une de mes élèves diagnostiquée “TDAH” de 15 ans combien de temps elle passait sur cette application. Réponse : près de 8h par jour !!
Faut-il donc s’étonner, si tout leur temps libre est consacré à regarder des vidéos débilitantes sur un téléphone, que ces enfants peinent à se concentrer… ?
Sont-ce vraiment ces enfants qui sont inadaptés à un système scolaire trop rigide, ou alors leur mode de vie qui n’est pas adapté au seul fait de rester concentré plus de 30 secondes sur une même tâche ?
Cette question de l’inadaptation de l’enfant face à un système scolaire qui serait trop rigide trouve aussi sa justification dans une autre forme de diagnostic, plus valorisante encore pour les parents.
“Ce n’est pas de la faute de mon enfant, s’il est dissipé, c’est parce qu’il s’ennuie, car il est trop intelligent et sa manière de penser est trop originale pour l’école.”
Autrefois, ces cas rares (en réalité moins de 2% de la population) étaient appelés “précoces” ou “surdoués”, mais comme ça ne faisait sans doute pas assez scientifique, les psychologues ont trouvé
mieux : Haut Potentiel Intellectuel (HPI).
Un psy m’a d’ailleurs confié que le nombre de demandes de consultations pour diagnostiquer les enfants HPI explosent.
Parce qu’un enfant HPI, c’est un peu le nec plus ultra de l’enfant spécial…
Pour faire ce diagnostic, l’enfant (ou l’adulte) doit faire un test de QI.
Cela consiste à répondre dans un temps limité à des problèmes de logique, de géométrie, de langage, de mémoire…
Quand le score du QI est supérieur à 120, l’enfant est alors considéré comme ayant une intelligence supérieure à la moyenne, donc “HPI”.
Et cela explique donc qu’il n’arrive pas à avoir une bonne note à son contrôle de maths ou d’histoire, qui n’est pas adapté à sa haute intelligence…
Or permettez-moi de douter du bien fondé de cette conception de l’intelligence.
L’intelligence est une notion vague dans laquelle il est possible de projeter tout et n’importe quoi.
C’est au 19ème siècle que sa définition moderne s’est construite, avec le fameux QI (Quotient Intellectuel).
C’est l’époque où la raison et la mesure ont pris le pas sur toutes les autres manières de penser la réalité.
L’époque où Darwin et Buffon classaient les espèces et les hommes dans leurs immenses encyclopédies… Où les scientifiques mesuraient les cerveaux, les pesaient, les comparaient…
Celle aussi où les doctrines eugénistes et racialistes ont fait leur apparition, pour dire qu’il existerait des gènes, des races, des classes sociales ou des tempéraments supérieurs à d’autres :
C’est dans ce contexte que les tests de QI sont apparus, et ils visaient à justifier l’idéologie selon laquelle certains hommes auraient le droit de dominer d’autres : supériorité du riche sur le pauvre,
du blanc sur le noir, de l’intelligent sur le débile…
Vous savez comme moi à quoi ont abouti ces théories : la volonté d’éliminer les éléments les plus faibles de la société avec d’immenses campagnes de stérilisation forcée des pauvres, des natifs et des noirs aux États-Unis…
Ou encore avec le 3ᵉ Reich en Allemagne.
Je suis donc très méfiant, du fait de leur Histoire, vis-à-vis de tous ces classements et de ces diagnostics psychologiques qui ordonnent et séparent les hommes entre eux.
Quand j’étais enseignant, je n’ai donc jamais accepté d’adapter les contrôles et devoirs selon qu’un élève était TDAH, HPI, dyslexique ou autre…
C’était le même traitement pour tout le monde.
En revanche, selon les forces et les points faibles de chacun, je n’ai jamais hésité à aider davantage ceux qui avaient des difficultés.
Je me souviens qu’une de mes élèves, par exemple, n’arrivait jamais à finir ses devoirs en classe. Sa mère m’avait expliqué qu’elle avait un TDAH et que je devais lui faire des devoirs plus courts…
Hors de question.
Pendant tout un trimestre, je restais assis à côté d’elle pendant les contrôles avec un seul objectif : finir son devoir complet, peu importe la note à la fin.
Dès que je voyais son attention décrocher… Je lui laissais une minute et je la poussais à avancer : “Allez, question suivante !”; “tu ne sais pas ça, tant pis, passe à la suite”.
À la fin du trimestre, elle faisait ses devoirs seule, comme tous les autres, avec en plus d’excellents résultats !
Je ne sais pas si c’est la meilleure méthode, mais je serais curieux de connaître votre avis sur ces différents points.
Je vous souhaite une bonne journée,
Sincèrement,
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Bonjour, j’ai lu avec intérêt votre article jusqu’à ce que vous parliez de la dyslexie et précisiez qu’il était hors de question que vous adaptiez quoi que ce soit pour un enfant dyslexique. Alors, je ne sais pas pour les autres problèmes mais j’ai un fils qui présente une dyslexie mixte très sévère , à un stade totalement handicapant (handicap reconnu par la MDPH) et je vous garantis que si son environnement scolaire n’est pas adapté, il n’est pas utile qu’il aille à l’école. Il est incapable d’écrire, incapable de lire. Je dois récupérer ses cours tous les jours pour… Lire la suite »
Bonjour ! Merci pour votre commentaire.
Je parlais d’une jeune fille avec un TDAH (à qui je réservais un traitement particulier puisque je restais auprès d’elle pour chacun de ses devoirs). Bien entendu, heureusement que de tels aménagement existent, comme pour le cas de votre fils, pour accompagner les enfants ayant des troubles avérés !
J’insistais simplement sur la multiplication des diagnostics et la nécessité de faire la part des choses dans certaines situations.
Je vois que ,seuls les commentaires qui vont dans votre sens sont disponibles.Ce n’est pas en censurant que l’ont facilite les échanges d’idées et d’opinions.C’est dommage pour tout le monde;
Cher Artemisia, Loin de là ! C’est avec grand plaisir que j’ouvre le débat sur cette question et je vous invite à laisser un commentaire. J’insiste sur le fait que mon idée n’était pas de remettre en cause l’existence réelle de ces troubles, puisque j’ai moi-même dû y faire face en tant qu’enseignant et accompagner des élèves dans ces situations… Et j’ai aussi moi-même constaté le manque de moyens et de spécialistes pour les accompagner. Mon objectif était d’insister sur le sur-diagnostic et l’instrumentalisation de ces troubles dans un contexte rendant délicate leur identification (puisque les téléphones et d’autres distractions… Lire la suite »
Bonjour, Non la dyslexie de mon fils ne m’a jamais fait le ressentir comme”spécial” , je n’en ai tiré aucun avantage égotique et lui non plus! Et les enseignants qui ignorent que l’origine des”dys..” est structurelle (neurologique) et non culturelle sont des andouilles patentés qui font tellement confiance à leur enseignement OFFICIEL qu’il n’ont jamais éprouvés la nécessité de lire autre chose! Monsieur ,vous confondez tout dans votre article! Un dyslexique,,un dyscalculique est un enfant qui a besoin d’une aide adaptée à son problème (hélas, il y a peu de professionnels compétents, le cursus classique des orthophonistes n’étant pas suffisant.)… Lire la suite »
Chère Marie,
Je vous invite à lire mon PPS. à la fin de l’article.
Mon intention n’est en aucun cas de nier le caractère réel et structurel de ces troubles, mais de mettre en lumière leur instrumentalisation et les sur-diagnostics, qui sont contre productifs pour les enfants souffrant réellement de ces difficultés. Je vous rejoins tout à fait sur le manque de personnel spécialisé pour accompagner ces élèves pour lesquels le système scolaire n’est pas bien adapté.
Meilleures salutations,
HB
Je partage votre point de vue .
Cher Monsieur,
Si vous n’êtes pas capable de comprendre qu’il existe réellement un modeste pourcentage de personnes neuroatypiques avec du tdah et un quotient intellectuel très supérieur à la moyenne, je ne peux être que profondément attristé devant autant de vacuité idéologique.
Un peu de respect pour les gens différents, merci…
Bonjour Jean-Marie,
Merci pour votre commentaire. Comme je l’ai signalé à la fin de ma lettre, bien au contraire ! Je parle ici d’une situation particulière qui est celle des sur-diagnostics. Ces situations (TDAH, dyslexie ou HPI) existent bien entendu… Ayant été enseignant, je l’ai constaté et j’ai personnellement assuré le suivi de nombreux élèves neuroatypiques. Le problème sur lequel je voulais insister est que ces troubles sont de plus en plus instrumentalisés.
Meilleures salutations
HB
Bonjour à vous, J’ai été enseignant également pendant 4 ans. Je partage votre avis. L’adolescence est une période difficile de la vie car des profonds changements hormonaux, physiques et psychiques interviennent … mais c’est la nature ! … Je me souviens bien de mon adolescence pour en parler … Nous devons, nous adultes, accompagner les enfants dans cette période de croissance autant en tant que professeurs que parents, car l’apprentissage est exigeant. Il n’y a pas d’élèves idiots et il suffit d’avoir la volonté de les captiver. Même si obtenir un taux de réussite intégral est difficile, de mon côté… Lire la suite »
Bonjour. Je comprends votre réflexion sur trop d’écran et l’explosion de “cas” d’enfant pour lesquels l’école serait inadaptée. Cependant, je suis moi-même dyslexie légère (ma mère l’était aussi), nous avons toutes les deux eu des incompréhensions, voire des moqueries, de la part des enseignants. Néanmoins, toutes deux avons eu une scolarité normale, juste des zéro réguliers en dictée avec privation de récré pour recopier 3 fois la dictée (totalement inefficace !). Ma mère m’a transmis ses “trucs” pour mieux maitriser l’orthographe, et je me dis que ces “trucs” seraient utiles à beaucoup d’élèves, même s’ils ne sont pas “dys”. Plus… Lire la suite »