Chère lectrice, cher lecteur,
L’île d’Icare en Grèce est depuis toujours une destination de prédilection pour se soigner : il y a 25 siècles déjà, les Grecs du continent s’y rendaient pour se baigner dans les sources près de Therma (qui a donné son nom aux sources thermales).
Voici ce que disait au 17e siècle, l’évêque Joseph Georgirenes à propos de cette île légendaire : “La chose la plus louable sur cette île est leur air et leur eau, tous deux si sains que les gens ont une très longue vie, c’est une chose ordinaire d’y voir des gens de 100 ans.” [1]
Cette légende est encore aujourd’hui une réalité :
Les habitants d’Icare sont deux fois et demi plus nombreux que les Américains à atteindre les 90 ans. Ils souffrent moins de dépression, et leur taux de démence sénile n’est que d’un quart celui de la population américaine !
Selon le Docteur Leriadis, qui vit et soigne les habitants d’Icare, leur bonne santé tient à leur mode de vie et aux bonnes relations sociales qui existent entre les habitants.
Mais ils consomment aussi une sorte de tisane, « le thé des montagnes », faite d’herbes sèches qui poussent sur cette île. Or toutes les plantes qui composent cette tisane, ont des propriétés médicinales reconnues :
Cette tisane est une source importante de polyphénols, aux fortes vertus antioxydantes. La plupart de ces plantes sont légèrement diurétiques, ce qui est bon contre l’hypertension.
Au petit-déjeuner, les habitants d’Icare boivent du lait de chèvre, du vin, de la tisane de sauge ou du café, du pain et du miel. Au déjeuner, ce sont presque toujours des lentilles ou des haricots, des pommes de terre, de la salade de pissenlit, de fenouil et d’une plante ressemblant aux épinards appelée horta, ainsi que les légumes du potager selon la saison, le tout accompagné d’huile d’olive. Le dîner se compose de pain et de lait de chèvre.
Le Dr. Christina Chrysohou, cardiologue à la Faculté de Médecine de l’Université d’Athènes, a étudié le régime de 673 habitants d’Icare, et a constaté qu’ils consomment six fois plus de légumineuses (haricots, lentilles, pois) que les Américains.
Or les légumineuses sont une incroyable source de nutriments.
Si vous avez lu ma précédente lettre sur l’eau miraculeuse de Nicoya, vous connaissez les vertus innombrables du magnésium pour votre santé.
Les légumineuses en contiennent une grande quantité.
Elles sont aussi une source naturelle de prébiotiques, le carburant des bonnes bactéries de notre flore intestinale. Elles contribuent ainsi à renforcer le système immunitaire, à faciliter l’assimilation des nutriments et à lutter contre les pathologies intestinales.
Les légumineuses sont très riches en vitamines et minéraux : j’ai déjà cité le magnésium mais elles contiennent aussi du fer, du zinc, du potassium et de la provitamine A, de la vitamine B9, et de la vitamine C.
Enfin, les fibres, contenues en grande quantité dans les légumineuses (jusqu’à 25 % de leur poids), permettent de :
Selon une étude de la Harvard School of Public Health portée sur 90 630 femmes âgées de 26 à 46 ans, les femmes qui consomment des haricots ou des lentilles au moins deux fois par semaine ont 25% moins de risque de souffrir du cancer du sein que celles qui n’en prennent qu’une fois par mois.
En plus, les légumineuses ne contiennent pas de gluten et sont idéales pour remplacer les céréales chez les personnes souffrant d’allergies au gluten. Hyper-protéinées, elles se substituent efficacement à la viande.
La part des légumineuses dans notre alimentation a progressivement diminué.
Mais, en regardant de près le régime alimentaire dans les zones bleues, les chercheurs ont constaté que les légumineuses sont présentes dans presque tous les repas :
Malgré leurs qualités nutritives exceptionnelles, les légumineuses nécessitent un mode de préparation bien précis pour ne pas devenir toxiques. Car elles contiennent un anti-nutriment, l’acide phytique qu’il faut absolument neutraliser en suivant quelques conseils.
Je vous prie par avance de m’excuser pour les explications un peu techniques qui suivent. Mais elles sont indispensables pour que vous compreniez l’importance du mode de préparation des légumineuses.
Revenons donc à l’acide phytique.
Il est présent à l’état naturel dans les légumineuses : par un processus chimique qu’on appelle la chélation, il se lie aux minéraux et oligo-éléments de la plante pour former des sels insolubles : les phytates.
Les phytates permettent de préserver la teneur en minéraux de la plante pour la libérer ensuite pendant sa phase de croissance.
Le problème, c’est que l’acide phytique agit dans notre organisme comme il agit dans la plante :
A terme, de telles carences peuvent aboutir à des troubles cardiaques, à de l’ostéoporose, à de l’anémie, à du diabète… etc
Alors pourquoi les habitants d’Icare et des autres zones bleues en souffrent moins que nous ?
Tout simplement parce qu’ils ont hérité de traditions culinaires ancestrales qui les préservent de ces effets néfastes. Voici comment ils procèdent.
Pour limiter l’action des anti-nutriments, vous devez faire tremper vos légumineuses pendant au moins huit heures, dans une eau purifiée légèrement citronnée.
Ce trempage déclenche une pré-germination des légumineuses qui vont libérer la phytase, une enzyme capable de détruire les phytates et de libérer les minéraux. L’acidité du citron permet d’accélérer le processus.
Ensuite pensez bien à jeter l’eau de trempage et à rincer abondamment, plusieurs fois même.
Le rinçage élimine les glucides et les sucres complexes responsables des flatulences. Il favorise aussi la digestion.
Enfin, si vous êtes peu habitué à manger des légumineuses, introduisez-les progressivement dans votre alimentation.
Je vous ai parlé aujourd’hui du principal anti-nutriment présent dans les légumineuses.
Mais les végétaux contiennent d’autres anti-nutriments comme les lectines, les saponines et les inhibiteurs enzymatiques. Le tout est de les connaître et de savoir comment préparer vos plats pour les neutraliser.
À très vite !
Elisabeth Honoré
Source de cette lettre :
[1] http://www.nytimes.com/2012/10/28/magazine/the-island-where-people-forget-to-die.html?_r=1
Cher ami, La santé naturelle et les médecines alternatives ne sont que… De gros mensonges ! C’est ce qu’essayent de nous faire cro...
Cher ami, Regardez ce rat : La taille de ses parties génitales est évidemment totalement absurde. C’est normal, c’est ce qu’il se ...
Découvrez la médecine des saveurs Chère lectrice, cher lecteur, Si, pour comprendre les qualités d’une plante, il faut l’observer ...
Bonjour, merci beaucoup pour votre article.
Je me souviens que traditionnellement dans mon enfance ds le sud ouest nous mettions les haricots à tremper la veille après les avoir triés, les soirs d’hiver.
J’en mange presque quotidiennement mais par manque de temps (travail) j les achète a Biocoop prêts à consommer en mélange par ex haricots rouge, lentilles avec quinoa. Et suite votre article, je me demande bien s’ils ont fait l’objet de trempage ?
Svp
. Ou pourrais je hacheter la tisane
De l île au haricot magique.Merci par avance.
Vos conseils toujours judicieux me passionnent. Merci.
J espère vous lire. Mn
Les legumineuses ont commence a decliner dans les annees 70/80, periode de vie moderne ou la cuisine mijotee devenait ringarde. Le steak-frites a remplace avantageusement les lentilles et haricots Soissons, voire le Pot-au-feu. Alors, va-t’on redecouvrir ces plats de “pauvre” que l’on a tant denigre ? Rien n’est moins sur, car s’ils sont tres interessants d’un point de vue nutritionnel, -mentionnons leur teneur en proteines riches en AAI-, ils necessitent un peu plus de temps de preparation. Le veritable debat n’est-il pas : “Sante ou temps libre ?” Personnellement je choisis la sante, car ainsi je peux consacrer mon temps… Lire la suite »
Article très intéressant. Merci.
La vitamine C est détruite par la chaleur. N’est-il pas trompeur de la mentionner?
Thermos : mot grec signifiant “chaud” d’où le nom de sources thermales , sources d’eau chaude, et Therma , endroit où il y a des sources chaudes. Ce n’est pas la ville qui a donné son nom aux sources, mais l’inverse
Merci pour ces précisions. Mais je rejoins les questions précédemment posées : les lentilles corail doivent-ils être trempés ? Par ailleurs, sur les paquets de lentilles vertes, il n’est souvent pas indiqué qu’il faut les tremper… C’est valable, quelque soit l’indication sur le paquet ? Pour toutes les légumineuses ?
Cordialement .