Désolé de plomber l’ambiance, mais cette fois, j’explose. Et la raison de ma colère, je la dois à Dépakine.
Vous avez entendu parler du prétendu « nouveau » scandale de la Dépakine.
La Dépakine est un médicament contre l’épilepsie.
Malheureusement, chez les femmes enceintes, il détruit les tissus du fœtus, provoque de graves malformations dans 10 % des cas, des troubles du comportement (autisme notamment) dans 30 à 40 % des cas.
Ce fait est connu depuis des décennies.
Il y a exactement trente-quatre ans, un article scientifique paraissait dans la plus grande revue médicale du monde, The Lancet. Il signalait des malformations sur les bébés. Il montrait que les enfants de femmes traitées au premier trimestre de leur grossesse avaient un risque de spina-bifida multiplié par 30. Le spina-bifida est une très grave malformation de la colonne vertébrale [1].
Il y a exactement vingt-sept ans, deux publications signalaient des troubles du comportement chez les enfants, et cinq ans plus tard, on dévoilait aussi des cas d’autisme [2].
Tout cela a été porté à la connaissance des autorités médicales, qui n’en ont pas tenu compte.
On peut accuser le fabricant, Sanofi, mais ces gens sont des commerçants : tant qu’on les autorise à vendre, ils vendent !
D’autant plus qu’ils sont en quelque sorte couverts par les autorités médicales. Tant que ces dernières disent « pas de problème », alors il n’y a pas de moyen pour les victimes de se retourner contre les commerçants.
On peut accuser aussi les médecins prescripteurs, évidemment. Eux aussi auraient pu ou dû s’informer sur les dangers de ce médicament, et arrêter d’eux-mêmes de les prescrire.
Mais tout a été fait au contraire sur les notices pour les décourager :
Le RCP (Résumé des caractéristiques du produit) expliquait jusqu’en 2006 : « Il est important de ne pas arrêter le traitement en cas de grossesse. »
Puis, parce que les signalements d’autisme se multipliaient, la notice a été légèrement amendée en 2006 : « Quelques cas isolés d’autisme et de troubles apparentés ont été rapportés chez les enfants exposés in utero au valproate de sodium. Des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer ou infirmer l’ensemble de ces résultats. »
Mais aucune véritable mise en garde. Autrement dit : « Dormez, braves gens ! Et surtout, continuez à prescrire ! »
Cette fois, les autorités sont donc responsables et coupables !
La grande majorité des médecins attendent les instructions des autorités. Si les autorités n’émettent pas de mise en garde, ils font confiance.
On peut le regretter, mais c’est comme ça que notre système fonctionne.
D’où l’importance cruciale que les autorités de santé fassent leur travail de surveillance avec un minimum de sérieux.
Ce n’est pas le cas.
Elles sont dans cette situation inacceptable où elles peuvent faire n’importe quoi et, en cas de problème, faire payer le contribuable pour leurs erreurs.
C’est exactement ce qui est en train de se passer.
Le 24 août, la ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé, la bouche en cœur, que plus de 14 000 femmes enceintes ont été exposées à la Dépakine entre 2007 et 2014, mais que, ne vous inquiétez pas, ce n’est pas grave, elle allait faire voter par le Parlement :
Le 29 août, un député socialiste a proposé de créer une nouvelle taxe sur les produits de santé pour alimenter le fonds d’indemnisation des victimes de la Dépakine. Et le rapporteur du budget de la Sécurité sociale a annoncé au journal Les Échos son intention de déposer un amendement en ce sens au projet de loi de financement de la « Sécu » pour 2017 [3] !
Vous et moi allons donc être mis à contribution… immédiatement ! C’est nous qui allons payer pour l’incurie de nos pseudo « responsables ».
Je rappelle que les experts, les ministres, les autorités, ne sont pas bénévoles.
Nous leur consentons des budgets (60 millions d’euros par an pour la Haute Autorité de Santé [4]), des rémunérations et un pouvoir gigantesques.
Un pouvoir dont ils se servent bien souvent à mauvais escient pour persécuter des médecins, des patients, des chercheurs innovants.
La moindre des choses, en contrepartie, serait qu’ils fassent le minimum minimorum qui justifie leur existence, à savoir vérifier avec sérieux la littérature médicale lorsqu’ils donnent des autorisations à des médicaments.
J’ai décidé de ne pas publier de photos de ce qu’on appelle les « bébés Dépakine » dans cet article. Par respect pour les victimes, leurs familles. Mais je vous garantis que les malformations peuvent être atroces.
Voici un témoignage à ce sujet :
Qui entendra cette souffrance, cette injustice ?
Et si nos « responsables » continuent à faire payer aux autres leurs erreurs, que faut-il faire ?
Les menacer de rétablir le bagne s’ils recommencent une nouvelle fois ?
La seule solution pour l’instant est toujours la même : prendre au sérieux les traitements naturels et passer maintenant aux médecines alternatives, chaque fois que possible, pour éviter de nous retrouver victimes du prochain scandale qui se produira bientôt, n’en doutons pas.
Parce que, comme par hasard, pour l’épilepsie, il y a un traitement parfaitement naturel, dont nous avons souvent parlé, le régime cétogène. Qui le sait, qui le dit aux patients ?
Pourquoi un tel silence ? Qui leur parlera de tout ce que nous publions, mois après mois, telle la « voix qui crie dans le désert » ?
Bien à vous,
Jean-Marc Dupuis
Sources de cet article :
[1] E. Robert, P. Guibaud, Maternal valproic acid and congenital neural tube defects, The Lancet, 1982. Et en 1984, le Journal of Medical Genetics décrit le phénotype des enfants qui ont été exposés à du valproate. Un retard de développement est aussi évoqué. J. Diliberti, P. Farndon, N. Dennis, C. Curry, The Fetal Valproate Syndrome, American Journal of Medical Genetics, 1984.
[2] J. Haddad, J. Messer, D. Williard, Foetopathie au valproate de sodium, Arch Fr Pediatr, 1989 ; B. Chevallier, V. Nègre, E. Bidat, B. Lagardère, Foetopathie au valproate et développement somatique et psychomoteur, Arch Fr Pediatr, 1989 ; puis A. Christiansen, N. Chesler, Fetal valproate syndrome : clinical and neuro-developemental features in two sibling pairs, Developmental medicine and child neurology, 1994.
[3] Dépakine : un député propose une taxe sur les produits de santé pour indemniser les victimes
[4] Budget et sources de financement
[5] Voir le commentaire sur la page
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Cette vertu outragée est carrément du théâtre. Tous le monde savait la Depakine tératogène puisque la contraception était obligatoire. Celles au nom de qui on essaie d’extorquer des sommes gigantesques aux labos et à l’état on donc pris volontairement le risque de faire un enfant sans interrompre leur traitement. La risque est de 10%. Si leur médecin ne les a pas dûment averties, il est responsable, sinon c’est elle. La communauté est déjà pénalisés par les remboursement des soins qui aurait pu être évités. A titre personnel ils/elles ont créé une souffrance criminelle, je pèse mes mots, à ces enfants… Lire la suite »
Il ne faut pas voir les choses d’un point de vue tout noir ou tout blanc. faut savoir que le régime cétogène est très contraignant et surtout n’autorise aucun écart. Beaucoup d’aliments sont totalement proscrits et franchement, je trouve qu’on y perd le plaisir de manger du coup… Il a aussi des effets secondaires. Je m’étais renseignée car je suis épileptique et pas fan de médicaments de manière générale. J’aurais aimé arrêter la Dépakine car niveau effets secondaires c’est très pénible, mais c’est trop difficile pour moi ce régime. C’est moins contraignant de prendre des médicaments, je pense que c’est… Lire la suite »
bonjour
un enfant victime de Dépakine né en 1999 pourra t il être indemnisé ?(je vois des dates à partir de 2007, çà me fait bondir….)
j’ai les documents du pédiatre en néo natalogie de l’hôpital qui inscrit noir sur blanc “syndrome de dépakine”.
merci de votre aide
je suis famille d’accueil et l’enfant en question m’a été confié à l’âge de 3 mois environ. Je connais exactement tout son parcours médical pour sortir de graves problèmes de santé. Néanmoins, il sera certainement prochainement qualifié de “travailleur handicapé”…
bonjour.
comme vous le dites avec raison, dans les cas de scandale de tel ou tel médicament, les victimes devraient se retourner contre les décideurs et non les laboratoires ou les médecins et demander que justice soit faite.
Bien, votre coup de gueule ! moi aussi, je suis scandalisée quant je pense au calvaire que vivent ces personnes et leur famille et….à vie….: c’est l’enfer sur terre……et l’on se dit dans un pays civilisé et démocratique !!!! alors que nos responsables (irresponsables plutôt) ne font pas leur boulot et se vautrent dans leur pourvoir et notre fric…..
Lorsque les Médias parlent de la Dépakine je n’entends jamais parler des méfaits occasionnés sur les personnes traîtées pour des troubles dits “bipolaires”.Je vous assure que les résultats ,après des années de traitement ,ne sont pas beaux à voir.Je vous en supplie enquêtez aussi dans ce sens.Merci . LISERON