A l’âge de 9 ans, j’eu la chance d’être invité chez des cousins qui vivaient au Costa-Rica.
Le tourisme de masse n’existait pas à l’époque. Le Costa-Rica était encore un pays totalement sauvage, infesté de moustiques, de serpents, d’alligators.
Mais mon plus grand choc fut de découvrir dans leur jardin, des manguiers chargés de fruits mûrs.
Je ne connaissais pas ce fruit.
On n’en trouvait pas encore dans les supermarchés européens.
Si vous n’en avez jamais fait l’expérience, sans doute ne pouvez-vous malheureusement pas vous imaginer le goût exquis d’une mangue cueillie sur l’arbre, mûre à point.
Vous repérez que la mangue est mûre quand elle des traces de sucre sont visibles à la base de la queue.
Il faut alors tendre la main, saisir le fruit qui se détache sous une légère pression des doigts.
Un parfum capiteux se dégage.
C’est une odeur de pêche sucrée et de fleur acidulée, tiédie par les rayons du soleil…
La peau a la douceur des joues d’un bébé. Elle est fine et un rien suffit à l’entrouvrir. La chair est souple et juteuse, couleur d’abricot. Quand vous plantez vos dents à l’intérieur, un goût mêlé de pêche, de fleurs, de citron, d’abricot, de banane, de menthe envahit votre bouche. Vous sentez alors, très légèrement, un goût d’essence de térébenthine.
Ce goût de térébenthine, c’est le goût un peu chimique et qui fait saliver, qu’on retrouve dans les bonbons « Arlequins », à part qu’il est cette fois complètement naturel.
La texture de la mangue mûre à point est si fondante qu’elle se transforme en jus au contact de votre langue et de votre palais. Vous vous demandez qui a élaboré une telle merveille, et par quel miracle un fruit peut être si bon, correspondre à ce point à ce dont on a besoin quand on a faim et soif dans un pays tropical.
Je me rappelle aussi les papayes, les goyaves, mais le plaisir n’était pas le même. Seules les bananes, toutes petites, et cueillies sur un régime, pouvaient rivaliser. Mais l’inconvénient des bananes est qu’elles mûrissent toutes d’un coup. Une fois par an, vous êtes submergé. Il faut alors se dépêcher de les manger avant qu’elles ne pourrissent. Et on se lasse vite des compotes et des tartes à la banane.
Seul problème de la mangue : elle contient beaucoup de sucre.
Mais bizarrement, quand les chercheurs ont étudié ses effets sur le poids et le cœur, et ils se sont aperçus que la mangue n’était pas si mauvaise que ça.
Au contraire, il semblerait qu’elle diminue le risque cardiaque, et que les gens qui mangent beaucoup de mangue soient moins gros que les autres !
Une étude américaine publiée dans le Journal of Nutrition & Food Science a observé que les consommateurs de mangue pèsent en moyenne 77,4 kg contre 81,6 kg pour les autres.
Chez les adultes, l’apport en fibres alimentaires était plus élevé chez les consommateurs de mangue (+6 g), et les quantités de graisses réduites. Ils prenaient aussi plus de vitamine B6 (+19 %), plus de vitamine C (+80 %), plus de magnésium (+18 %) et potassium (+19 %). [1]
Rappelons que réduire sa consommation de sodium (sel de table) et augmenter celle de potassium permet de réduire le risque d’hypertension et de maladie cardiovasculaire. La mangue étant pauvre en sodium et riche en potassium, c’est un fruit très intéressant pour les personnes souffrant du cœur.
On a également mesuré chez les consommateurs réguliers de mangue un taux de protéine C réactive plus bas que la moyenne. Le taux de protéine C réactive est un marqueur inflammatoire qui est associé à une augmentation du risque d’infarctus, de cancer, d’infection et de maladie inflammatoire. Plus vous en avez, plus vous êtes probablement en mauvaise santé.
A noter que les mangues sont aussi une source de caroténoïdes et polyphénols. Ces composés, que l’on appelle des « flavonoïdes » sont à la fois des anti-inflammatoires et des antioxydants bénéfiques pour la santé.
Une étude de 2006 a démontré que le jus de mangue exerce un effet anti-cancer sur des cellules in vitro, qui s’expliquerait par leur contenu en polyphénols. [2]
On ne peut malheureusement pas en déduire que la mangue ait un quelconque effet anticancer sur les personnes malades.
Ces résultats, observés en laboratoire, ont été atteints à des concentrations inatteignables dans la bouche. Méfiez-vous des sites Internet qui prétendent que la mangue est un fruit anticancer.
A noter que ce sont les variétés Haden et Ataulfo qui ont eu la plus forte activité lors des expériences in vitro. [3]
Faut-il pour autant se jeter sur les mangues au supermarché, en Europe ?
Malheureusement non. Les mangues sont un plaisir réservé aux personnes qui ont la chance d’habiter à l’ombre des manguiers, qui poussent principalement en Inde, et dans les pays des tropiques.
Dans les plantations qui exportent pour l’Europe, les fruits sont irradiés au cobalt-60 radioactif pour éliminer la mouche de la mangue.
Elles peuvent aussi avoir été trempées dans un bain d’insecticide après la récolte, afin d’éviter les mouches de fruit qui les colonisent dans les pays tropicaux dès qu’on les cueille.
Elles auront aussi été cueillies vertes, et elles auront mûri dans des containers. Leur teneur en flavonoïdes et en vitamine C risque d’être plus faible.
Elles auront enfin provoqué des émissions massives de carbone, et polluants divers, pour être transportées jusqu’à chez vous, surtout si elles sont arrivées par avion.
L’idéal avec les légumes et les fruits, je le répète, est de les cultiver soi-même, ou de les acheter chez un producteur local, chez qui on se rend… à vélo (faire un peu d’exercice diminue immédiatement de 20 % votre risque de douze types de cancers [4]).
Les vertus de la mangue tiennent avant tout à leur teneur en polyphénols. Vous retrouvez de grandes quantités de polyphénols dans les fruits et légumes colorés de chez nous, en particulier les petits fruits qui tâchent : myrtilles, mûres, cassis, framboises.
Privilégiez donc toujours les légumes et fruits locaux, et de saison. Si vous habitez les tropiques, profitez-en pour manger des mangues !
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Sources de cet article :
[1] Mangoes are Associated with Better Nutrient Intake, Diet Quality, and Levels of Some Cardiovascular Risk Factors: National Health and Nutrition Examination Survey
[2] Neoplastic transformation of BALB/3T3 cells and cell cycle of HL-60 cells are inhibited by mango (Mangifera indica L.) juice and mango juice extracts.
[3] Noratto GD, Bertoldi MC, et al. « Anticarcinogenic effects of polyphenolics from mango (Mangifera indica) varieties ». J Agric Food Chem 2010;58:4104-12.
[4] Exercise Can Lower Your Risk of a Dozen Cancers by 20 Percent
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J’ai la chance de vivre sous les tropiques et d’avoir une “cour” (comme on désigne un grand jardin chez moi ) où poussent différentes variétés de manguiers. C’est effectivement un grand bonheur de déguster ses mangues fraîchement cueillies.
Mais connaissez-vous dans la même famille (les anacardiacée) le Fruit de Cythère ? Mis à part son goût délicieux, il est plein de vitamine C, de potassium, de calcium et de sodium. J’espère qu’un jour Santé Nature Innovation fera un article sur ce fruit.
C’est devant mon assiettée de mangues que j’écris ce message, je passe chaque année quelques semaines en Thaïlande où réside mon fils, et quand j’arrive, “automatiquement ” au bout de quelques jours je ne mange plus le midi, qu’une mangue dégoulinante de jus, pulpeuse à souhait, jaune orangé, accompagnée de trois ou quatre petites bananes ultra sucrées. Rien d’autre, c’est sans doute pourquoi je digère le tout très bien. Ce qui est curieux c’est que ce choix se fasse d’instinct, pendant quelques jours je mange “normalement ” puis on dirait que mon corps choisit . Excellent choix d’ailleurs et ici… Lire la suite »
Bonjour ! Cela voudrait-il dire que les Egyptiens, très grands consommateurs de mangues, ne seraient pas atteints de maladies cardiaques ? J’en doute quand-même, car la cuisine là-bas, se fait à base de beurre salé (ghee en Anglais) et ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère !
Il me semble que la mangue ne pousse pas en Europe.
Donc, il serait difficile d’aller les chercher chez le petit producteur. De plus, pour moi, avec mes 81 ans et mon arthrose, parmi plein d’autres problèmes, il me semble extravagant de me déplacer en vélos.
Bien contente de vous entendre dire, Jean-Marc, que les bonnes mangues ont un petit goût d’essence de térébenthine car lorsque je disais cela les gens, même les vendeurs, me trouvaient bizarre !! Maintenant les bonnes mangues sont tellement rares même en bio que je les délaisse ainsi que beaucoup d’autres fruits (je viens de manger une pêche jaune -beurk !- et achetée à plus de 5 euros le kg dans une enseigne bio) ; les cerises je n’en ai pas enlevé la queue d’une vu le prix et ce en plus du mauvais temps à cause d’une bestiole ravageuse ;… Lire la suite »
Bonjour
Chez moi on mange la mangue mûre bien sûr mais également la mangue verte : rougail mangues . Ce st des mangues battues on y ajoute des oignons émincés du piment huile sel . J imagines qu elles n ont pas les meme propriétés que les jaunes mais st elles intéressantes pr la Sante ? Parceque pr le goût pas de pb c est super surtout avec un cary de bichiques . .merci