Affronter un moelleux au chocolat

21/09/2018
Affronter un moelleux au chocolat
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Un truc simple pour manger et vivre sain

Chère lectrice, cher lecteur,

Voici un autre truc très important pour manger et vivre plus sainement.

C’est un truc fondamental, mais dont nous ne sommes en général pas conscients.

Quand vous êtes devant de la nourriture, vous créez inconsciemment des avatars de vous-même dans votre tête. Vous suivez ensuite leurs aventures en imagination. Vous regardez ce qui leur arrive. C’est cela qui vous permet de décider ce que vous allez faire en vrai.

Si vous n’êtes pas conscient de ce mécanisme essentiel qui se passe dans votre cerveau, il vous sera pratiquement impossible de contrôler vos désirs – et d’améliorer votre alimentation et votre mode de vie.

Travaux pratiques

Vous êtes devant un énorme moelleux au chocolat.

En une fraction de seconde, vous créez plusieurs avatars de vous-même dans votre tête, chacun adoptant un comportement différent face au gâteau.

Le premier avatar prend aussitôt une assiette, se sert généreusement. C’est doux, c’est bon, c’est fondant, il est subjugué par des bouffées de plaisir à chaque bouchée. Une fois la première part de gâteau terminée, il garde dans sa bouche un désir encore plus grand de se servir une seconde part. La tentation est irrésistible car il produit de la salive en quantité, son système digestif s’est mis en route, son appétit s’est démultiplié. Votre avatar reprend donc une seconde part et l’engouffre. Il se sert une troisième et peut-être même une quatrième fois. Mais là, son plaisir se transforme en écœurement et en regrets. Il a l’estomac plein, le foie saturé. Il éprouve une profonde tristesse en se voyant dans la glace, barbouillé de sucre et de gras. Il voit ses amas graisseux, ses capitons, sa cellulite, il désespère de l’avenir, il se dit qu’il sera toujours trop gros, trop laid, trop faible…

Votre cerveau étant très puissant, il fait vivre cette aventure à son avatar en une fraction de seconde, et met en route simultanément d’autres avatars :

Le second avatar décide d’emblée de ne pas toucher au moelleux au chocolat, et de penser à autre chose. Il se lève de table et sort faire une promenade pour échapper à la tentation. Il sait qu’il a assez mangé, que la digestion fera son œuvre et qu’il ne pensera bientôt plus à son estomac. Mais prendre cette décision au départ est très dur pour lui. Il se dit qu’on ne vit qu’une fois, que la vie est déjà bien difficile, que s’il faut en plus se priver de tous les petits plaisirs, alors ça ne vaut vraiment pas la peine. De plus, il sait qu’il sera de toute façon poursuivi par l’envie de revenir où se trouvait le moelleux. Pour compenser la frustration d’avoir attendu, il risque de manger encore plus gloutonnement !! Ballotté dans un sens et dans l’autre, ce pauvre avatar souffre lui aussi beaucoup. Son sort n’est peut-être pas si enviable par rapport au premier qui s’est dit, comme Oscar Wilde : « Le seul moyen de se débarrasser d’une tentation, c’est d’y céder ! »

Et ainsi de suite. Vous créez d’autres avatars puis, en un éclair, vous vous décidez à adopter dans la réalité le comportement d’un de vos avatars. Vous devenez alors, pour de vrai, un de ces avatars imaginaires.

L’importance de se construire un idéal

Ce choix, de suivre la ligne d’un de ces avatars, vous le faites habituellement sans y penser, sans même en avoir conscience, dans le flou de vos désirs qui se bousculent.

En prendre conscience fait toute la différence pour choisir la bonne voie.

Construisez-vous, de façon consciente, un avatar qui représente l’idéal que vous aimeriez être.

Puis, faites ce que vous pouvez pour « jouer le rôle », comme le ferait un acteur, de cet idéal.

« Tout Grand Homme est l’acteur de son propre idéal », disait Friedrich Nietzche. C’est une pensée très profonde. Elle tient compte du fait que nul n’est un héros, au départ. Nous partons tous dans la vie avec d’innombrables défauts, faiblesses.

En revanche, à force de « faire semblant » d’être meilleur que nous ne le sommes, nous finissons par ressembler ou même devenir cette personne meilleure que nous-même.

C’est un truc qui marche dans tous les domaines de la vie. Les sportifs, les musiciens, les joueurs d’échec, qui essayent de copier en tout point le plus grand champion dans leur domaine, sont ceux qui ont le plus de chance de devenir des champions à leur tour !

C’est la raison pour laquelle les enfants ont tant besoin d’histoires de héros. Ils les voient dans les livres, ou à la télévision. Mais ensuite, dans la vraie vie, ils essayent de les imiter, et c’est ainsi qu’ils progressent.

« Qu’aurait fait mon héros dans cette situation ? » se demandent-ils. Cela les aide à prendre les bonnes décisions.

L’habit fait le moine

Ainsi nous avons cette capacité incroyable de « faire comme si » nous étions forts, alors que nous sommes faibles, et cela nous rend plus fort !

Cela commence par la façon de s’habiller. « Habillez-vous pour le poste que vous voulez, pas pour celui que vous avez », dit un dicton américain.

Les études ont prouvé que cela marche. [1] C’est pourtant le contraire de notre dicton : « L’habit ne fait pas le moine. »

Des chercheurs de l’Université de Yale aux Etats-Unis ont demandé à 128 étudiants de participer à un jeu de négociation, où ils devaient acheter et vendre des marchandises.

Ceux qui étaient mal habillés (sandales en plastique, short) ont réalisé un profit théorique moyen de 680 000 $, tandis que ceux qui étaient bien habillés (costume cravate bien coupé) ont gagné en moyenne 2,1 millions, soit plus de trois fois plus.

Selon les auteurs de l’étude, les personnes bien habillées ont fait preuve d’une confiance en elles-mêmes beaucoup plus grande, leur donnant une assurance dans la négociation qu’elles ont pu utiliser à leur avantage.

Dans une autre étude, les participants qui étaient bien habillés avaient plus tendance à avoir voir les choses en grand, sur le long terme, comme un bon PDG d’entreprise, alors que ceux qui étaient mal habillés avaient plus de mal à sortir des tâches d’exécution.

Le travail de toute une vie

Donnez-vous bien sûr du temps pour ressembler à votre idéal.

C’est une discipline qui ne s’acquiert que peu à peu. Il faut d’ailleurs souvent commencer par réfléchir car nous ne savons pas vraiment en quoi nous aimerions être “meilleurs”.

Une fois fixé l’objectif, on commence jour après jour à faire un petit pas dans la bonne direction.

C’est le travail de toute une vie.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

 

[1] https://www.scientificamerican.com/article/dress-for-success-how-clothes-influence-our-performance/

 

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mar
mar
6 années plus tôt

Profond et très juste. Je garde cette analyse en mémoire pour… le prochain moelleux au chocolat.

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