Connaissez-vous ces petits fruits “merveilleux” ?

23/09/2024
Connaissez-vous ces petits fruits “merveilleux” ?
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Chère lectrice, cher lecteur,

Ce que vous voyez là, ce sont trois espèces de myrobolans.

Le premier est le myrobolan chébule, le second est le myrobolan emblique et le troisième est le myrobolan bellerique.

D’ailleurs, ce mot “myrobolan”, vous dit-il quelque chose ?

Il ressemble fortement à l’adjectif “mirobolant”, qui signifie merveilleux, fantastique, grandiose.

Pourquoi donc ?

J’ai tiré le fil de mes recherches en consultant d’autres ouvrages de médecine de la Renaissance et du Grand-Siècle pour répondre à cette question.

Et quelle ne fut pas ma surprise de constater que ces trois myrobolans importés d’Orient étaient des incontournables chez les apothicaires de toute l’Europe !

Jusqu’au XVIIIème siècle, où ils sont tombés en désuétude, on leur attribuait de telles merveilles curatives qu’une expression à leur sujet est restée dans notre langue : l’adjectif « mirobolant ».

C’est du moins l’une des théories expliquant l’origine de cette expression.

Le “triphala”, une préparation aux effets spectaculaires

Ces trois espèces de myrobolan ont notamment permis à un illustre alchimiste, Marsile Ficin, de mettre au point sa préparation aux effets spectaculaires.

Marsile Ficin, fils de médecin et alchimiste qui enseignait à Florence, utilisait là une préparation ayurvédique très connue appelée « triphala ».

Le triphala, mot qui signifie en sanskrit « trois fruits », est très à la mode aujourd’hui, y compris en Occident.

C’est une combinaison à parts égales de ces trois fruits séchés et réduits en poudre : la groseille indienne ou myrobolan emblique, en sanskrit « amalaki » (Phyllanthus emblica), le myrobolan chébule « haritaki » (Terminalia chebula), et le myrobolan bellerique « bibhitaki » (Terminalia bellerica).

Le triphala en poudre de fruits séchés et mélangés, est considéré comme une formule à la fois laxative et régénérante[1].

De nos jours, on le présente comme une nouveauté, un produit exotique venu d’Inde et véritable panacée contre la constipation, les troubles intestinaux, et aux vertus rajeunissantes.

Dans la pratique contemporaine de l’Ayurvéda, le triphala en poudre est de moins en moins conseillé pour les troubles intestinaux. On a remarqué en effet que le myrobalan bellerique pouvait être irritant à cet égard.

Sa décoction, c’est-à-dire les trois fruits bouillis et filtrés, est utilisée aujourd’hui pour la perte de poids. C’est aussi un indispensable des dispensaires ayurvédiques pour détoxifier, nettoyer les plaies et les infections.

Dans la pratique, en raison peut-être de la perte de qualité des fruits qui font aujourd’hui l’objet d’un usage industriel en Inde, le triphala disponible sur le marché pharmaceutique ayurvédique n’est généralement pas à la hauteur de ce qu’on espère de lui – en bref, il n’est pas mirobolant !

Le myrobolan est exotique certes, mais nouveau, certainement pas !

 

Un laxatif et un antioxydant naturel

Permettez-moi une confidence : le renouveau de cet enthousiasme collectif au sujet du triphala n’a rien d’original.

C’est presque à croire que ces fruits portent en eux-mêmes « l’enthousiasme », terme qui provient du grec « porter le divin en soi ». Et selon la médecine ayurvédique et la tradition hindoue en général, c’est bien le cas ! Je vous en dis plus.

Du point de vue de la médecine ayurvédique, on lui attribue bel et bien des vertus régénérantes.

Tout d’abord, chacune des trois plantes de la préparation est considérée comme « rasayana ». Le terme désigne des herbes contenant une grande quantité de nectar de vie, « ojas », qui dans notre corps stimule notre vitalité.

D’un point de vue moderne, c’est ce qu’on appelle les plantes « adaptogènes », souvent riches en antioxydants.

Les myrobolans d’Inde étaient importés en Europe par la route des épices, qui passait par le Golfe persique et le Moyen-Orient avant que d’importantes routes maritimes ne soient ouvertes.

Mais qu’en disaient les médecins et apothicaires de la Renaissance et du XVIIème siècle ?

Pour eux, tous les myrobolans étaient laxatifs et régénérants.

Matthiole, un grand herboriste de la Renaissance, reprenant Yuhanna ibn Masawayh, médecin de Bagdad du IXème siècle, écrivait en 1544 :

« Tous myrobolans maintiennent ceux qui en usent souvent, en leur verdeur et chaleur naturelle, de sorte qu’ils retardent la vieillesse et font une couleur vive, ôtant toute puanteur du corps ».

 

Un laxatif et un antioxydant naturel

Permettez-moi une confidence : le renouveau de cet enthousiasme collectif au sujet du triphala n’a rien d’original.

C’est presque à croire que ces fruits portent en eux-mêmes « l’enthousiasme », terme qui provient du grec « porter le divin en soi ». Et selon la médecine ayurvédique et la tradition hindoue en général, c’est bien le cas ! Je vous en dis plus.

Du point de vue de la médecine ayurvédique, on lui attribue bel et bien des vertus régénérantes.

Tout d’abord, chacune des trois plantes de la préparation est considérée comme « rasayana ». Le terme désigne des herbes contenant une grande quantité de nectar de vie, « ojas », qui dans notre corps stimule notre vitalité.

D’un point de vue moderne, c’est ce qu’on appelle les plantes « adaptogènes », souvent riches en antioxydants.

Les myrobolans d’Inde étaient importés en Europe par la route des épices, qui passait par le Golfe persique et le Moyen-Orient avant que d’importantes routes maritimes ne soient ouvertes.

Mais qu’en disaient les médecins et apothicaires de la Renaissance et du XVIIème siècle ?

Pour eux, tous les myrobolans étaient laxatifs et régénérants.

Matthiole, un grand herboriste de la Renaissance, reprenant Yuhanna ibn Masawayh, médecin de Bagdad du IXème siècle, écrivait en 1544 :

« Tous myrobolans maintiennent ceux qui en usent souvent, en leur verdeur et chaleur naturelle, de sorte qu’ils retardent la vieillesse et font une couleur vive, ôtant toute puanteur du corps ».

 

Ces observations sont conformes à celles des maîtres de l’Ayurvéda.

En ce qui concerne les vertus antioxydantes de l’amalaki (le myrobolan emblique), je vous assure que cela n’est pas qu’une vue de l’esprit…

Il y a une dizaine d’années, j’ai trouvé des fruits frais d’amalaki sur un étalage d’une épicerie du quartier indien à Paris. Je me décidais à en faire une préparation. Je découpais donc des fruits d’amalaki et j’en pressais le jus. Il s’en est déversé sur mon évier en inox. Quelques heures plus tard, je constatais que le métal en contact avec le jus avait été comme « poli », avec un rendu éclatant, comme « neuf ».

Je me suis dit qu’il devait se produire un processus similaire d’élimination de la « rouille » (le produit d’une oxydation) dans le corps.

Des vertus ophtalmiques (et psychotropes ?!) ancestrales

Les vertus « ophtalmique » des myrobolans étaient aussi connues des apothicaires d’Europe, comme le rapporte Matthiole. Dans la médecine ayurvédique, le triphala est un incontournable de l’ophtalmologie ayurvédique.

En effet, sa décoction, finement filtrée, sert à nettoyer les toxines des yeux, elle constitue un ingrédient quasi systématique des formules de collyres ayurvédiques.

Enfin, les apothicaires reconnaissaient également des vertus psychotropes aux myrobolans, notamment les chébules qui « éclaircissent les sens intellectuels » selon Matthiole.

Cela correspond aussi aux enseignements de l’Ayurvéda à leur sujet.

En effet, il faut remarquer que la plupart des plantes « sacrées » ont un effet sur le mental, et ont donc des vertus psychotropes plus ou moins établies.

Le haritaki, ou myrobolan chébule, est un régénérant mental (medhya rasayana), c’est-à-dire, au sens moderne une plante « nootropique ».

Ce terme désigne les plantes qui favorisent le fonctionnement des capacités cognitives en général, comme la capacité de concentration, de discernement et la mémoire.

On peut aussi supposer qu’elle contribue, par ses vertus digestives et laxatives, à l’équilibre du microbiote, qui, on le sait, joue un rôle important dans la régulation de l’humeur et sur l’activité mentale en général.

Avant toute chose, découvrez votre nature (QUIZ)

Là où il existe des nuances de points de vue entre les médecins ayurvédiques et les médecins d’Europe de tradition gréco-arabe, c’est dans l’usage de chacun des myrobolans pris séparément.

Le myrobolan chébule est censé chasser l’humeur flegmatique selon ces derniers, alors que dans la médecine indienne, il est plutôt utilisé comme carminatif, c’est-à-dire qu’en plus d’être laxatif, il permet au vent (le dosha Vata) de « descendre » du corps et d’être évacué.

Ils distinguent également une variété noire, probablement afghane, de myrobalan chébule qui, elle, chasse la « mélancolie », c’est-à-dire l’humeur associée à l’élément Terre et au vieillissement dans la médecine gréco-arabe.

Alors comment savoir si les myrobolans sont utiles pour vous ?

Cela dépend de votre profil ayurvédique, de votre nature profonde.

Selon la médecine ayurvédique, le corps est parcouru par trois humeurs qui, lorsqu’elles sont à l’équilibre le maintiennent en vie, et lorsqu’elles sont en déséquilibre le rendent malade.

Il s’agit de l’humeur vent (Vata), combinaison des éléments Air et Espace ; de l’humeur bile (Pitta), combinaison des éléments Feu et Eau ; et de l’humeur Flegme (Kapha), combinaison des éléments Eau et Terre.

Le myrobolan chébule est laxatif et équilibre l’humeur vent.

Le myrobalan bellerique est digestif et équilibre l’humeur flegme.

Quant au myrobalan emblique, il est rafraîchissant et « apaise » l’activité du tout, en calmant principalement l’humeur bile.

Il s’agit donc d’une formule d’équilibre qui régule les trois humeurs corporelles.

On le déconseille notamment aux personnes de constitution Vatta (vent) ou ayant des troubles du vent, d’en abuser.

En conclusion, les myrobolans jouissent d’une réputation de « panacée » aussi bien en Inde que dans l’Europe de la Renaissance et du Grand Siècle.

Ils ont été la cible des railleries des médecins « modernes » jusqu’à tomber en désuétude comme bien des plantes de la pharmacopée européenne et asiatique.

Cela n’est que depuis quelques années qu’on les voit réapparaître en Europe, y compris en cosmétique.

À croire qu’ils sont destinés à faire leur chemin autour du monde, selon un rythme mystérieux et l’enthousiasme de ses usagers…

À bientôt,

Morgan Vasoni

 

 

 

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