Une nouvelle étude de l’Université de Michigan affirme que les célibataires ont deux fois plus de risque de démence et d’Alzheimer. Et une étude d’Emory, au même moment, annonce qu’ils ont plus de risque d’infarctus.[1]
Voilà qui est de mauvaise augure. Car, le moins qu’on puisse dire est que le mariage n’a pas le vent en poupe. Des célibataires, ou des personnes seules, il va y en avoir de plus en plus.
Puisqu’il y a un enjeu de santé publique, je me permets de proposer une piste pour aider les hommes et les femmes seuls à se rencontrer.
Chez les femmes, on entend la plupart du temps : “C’est terrible, en tant que femme, on ne peut pratiquement rien faire, il faut attendre que l’homme se déclare. Si on prend l’initiative, on passe pour une femme facile.”
L’idée serait donc que les choses seraient plus faciles pour les hommes, qui n’auraient qu’à se déclarer.
C’est un malentendu.
Vous connaissez l’histoire de Tom Sawyer, ce jeune polisson qui vivait en Amérique, et dont les aventures ont été racontées en livre et en dessin-animé.
Tom Sawyer a 12 ans et il est toujours à faire mille bêtises avec son ami Huckleberry Finn.
Mais il voit passer dans la rue la jeune Beckie avec sa maman.
A sa vue, Tom Sawyer s’arrête net de courir, de jouer. Son cœur s’emballe, il rougit, pâlit, et entreprend d’attirer son attention.
Il monte sur un poteau et essaye de marcher sur le fil. Dans l’émotion, son pied glisse. Tom Sawyer se retrouve par terre, et Beckie éclate d’un rire cristallin, avant de s’éloigner.
Pour Beckie, ce qui vient de se passer n’a rien de dramatique. Au contraire, c’est drôle.
Elle ne se rend pas compte que, pour Tom Sawyer, monter sur ce poteau était ce qu’il pouvait faire de plus difficile, dans son univers de petit garçon.
Il cherchait à se présenter sous son meilleur jour.
La petite Beckie n’était pas une simple spectatrice pour lui. Elle était le juge implacable qui allait décider de son avenir.
En effet, en riant et en s’éloignant, Beckie lui envoie le message suivant : “ Tu es amusant, mais tes gènes ne méritent pas pour moi de passer à la prochaine génération.”
Ce qui équivaut symboliquement à une condamnation à mort.
Effrayé de sa réaction émotive, mort de honte et de chagrin, Tom Sawyer se ressaisit en décrétant haut et fort qu’il n’aime pas les filles. Comme tous les petits garçons, il va chercher à oublier sa propre peur, en jouant à “faire peur aux filles” ou même “attaquer les filles”.
Mais le principal sentiment qui reste : la peur.
La peur de l’homme est proportionnelle à son désir : plus il désire la femme, plus il a peur qu’elle le rejette.
La peur du “râteau” n’est pas seulement la peur d’être ridicule auprès des copains. Les hommes redoutent le jugement des femmes parce que c’est un jugement sur ce qu’ils sont. L’homme qui mérite d’être aimé, et d’engendrer, parce que la femme veut des enfants qui lui ressemblent. Ou l’homme qu’il vaut mieux tenir à distance car on n’est pas très intéressée, ou pas intéressée du tout, à avoir une descendance commune.
On l’a trop oublié aujourd’hui mais les hommes utilisent constamment l’image de la femme qu’ils aiment pour se motiver. Dans les contes, on trouve partout des représentations de héros et chevaliers qui affrontent tous les périls pour séduire leur princesse.
Combien de Généraux, d’explorateurs, de soldats, combien de présidents, d’inventeurs, sportifs n’ont-ils cherché la gloire et la reconnaissance que pour plaire… à une femme ?
Souvenons-nous de la scène bouleversante à la fin du film “Rocky”, avec Sylvester Stallone, où ce pauvre garçon monte sur le ring et reçoit des centaines de coups de poing dans la figure, de la part d’un champion qui est bien plus fort que lui.
Le spectateur est cloué à son fauteuil. Rocky a les yeux tuméfiés, son entraîneur lui entaille les paupières avec une lame de rasoir pour les rouvrir. Le nez est écrasé. Le sang gicle partout. Mais Rocky, miraculeusement, tient toujours. La cloche sonne. Rocky chancelle.
Assailli par les journalistes, les flashs, il hurle à travers les cris de la foule en délire : “ Adrian”, le nom de la femme de sa vie, qui accourt et le prend dans ses bras. On comprend que c’est pour elle qu’il a surmonté tout cela. C’est elle qui lui a donné cette force surhumaine.
On accuse les hommes d’être assoiffés d’argent et de pouvoir. Mais dans bien des cas, ils ont besoin, ou croient avoir besoin, de cela pour… plaire à une femme !
En psychanalyse, on explique la peur des femmes par la peur de la castration, le complexe vis-à-vis de la mère, qui peut dévorer son enfant, l’excès de désir de l’homme qui serait au fond de lui même un violeur, etc. Ces explications compliquées s’appliquent dans certains cas pathologiques, c’est sans doute vrai.
Mais Mesdames, lorsque vous voyez un homme se comporter de façon stupide, maladroite et même impolie avec vous, pensez d’abord à Tom Sawyer (et à Rocky).
Peut-être cet homme est-il juste une brute machiste qui cherche une fois de plus à vous écraser, par la force. Un ignoble “masculiniste”, comme ils disent maintenant dans les médias.
Mais peut-être cet homme a-t-il en réalité peur de vous, consciemment ou inconsciemment. Peut-être a-t-il peur de votre regard, peur de votre jugement, peur que vous le rejetiez s’il était gentil avec vous. Ce qui veut aussi dire qu’il a besoin de vous, d’un regard bienveillant, d’un sourire, malgré tout.
En se montrant désagréable, les choses sont plus simples pour lui. Il ne se met pas en danger. Une réaction hostile de votre part n’aura pas d’implication grave pour lui. Ce sera simplement logique.
Comment résoudre ce malentendu, alors ?
Pour les femmes, il s’agit de comprendre qu’elles ont bien plus de pouvoir qu’elles ne le pensent généralement. Que leur jugement compte. Qu’elles font peur, elles aussi.
Et que, quand on fait peur, cela provoque des réactions de panique, qui se manifestent sous forme de fuite, de fausse indifférence, et parfois (malheureusement) d’hostilité.
Le défi est donc de surmonter ce point de blocage énorme, en comprenant ce qui se passe dans le cœur de l’autre, et sans imaginer trop vite qu’il n’y a aucun chemin de rapprochement possible.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
[1] https://www.maxisciences.com/cerveau/le-mariage-aiderait-a-prevenir-les-risques-de-demence-mais-pourquoi_art43715.html
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“Où est le poison, la nature a voulu que l’on trouvât le contre-poison : là où est la maladie, on peut trouver le remède.” Alexandre Dumas Père Bonjour, Je pense que, effectivement, comme le dit si bien Jean-Marc, il faut se montrer comprehensif, tolérant, rester soi même, naturel et confiant lors d’une nouvelle rencontre. Laisser la magie de la vie et de l’amour opérer au moment où ils estimeront le moment favorable… Faire confiance à la vie. Oui mais pas passivement. En malheureuse victime. Non, ça, ce n’est pas faire confiance en la vie mais se fermer à elle.… Lire la suite »
Quel bel article ! Voici de quoi faire avancer les relations homme-femme dans un contexte où chacun peine à comprendre l’autre…
Je n’ai jamais compris en quoi je pouvais “faire peur aux hommes”, en dépit de leur affirmation, moi qui suis si féminine et si douce…avec un caractère bien marqué !
Cet article m’éclaire soudainement et je regrette d’avoir gâché bien des occasions… Mais même à 47 ans, je me dis que l’avenir m’appartient : MERCI MERCI !!!
Comme d’habitude, s’il y a des célibataires, cela va être à cause .. des vilaines femmes qui ne voient pas ce que font les hommes pour tenter de les séduire .. Peut-être voient-elles tout cela, mais que la société a changé ? Peut-être que les femmes, à force de se faire harceler dans la rue, en ont assez aussi ? Autant d’habitude j’aime vos éclairages philosophiques, autant là je suis choquée que les maux de la société reposent encore sur les épaules … des femmes !
Nom d’une pipe, on est loin d’y arriver… Car moi aussi j’ai peur, plus d’une fois, d’une hostilité affiché, d’un machisme ou dédin assumé.. Et alors, l’arrogance me faisant peur, je panique, je fuis (ou ne donne pas suite) et je suis moi aussi indifférente. Donc ma conclusion est que c’est de plus en plus compliqué de se rencontrer, dans nos propres vérités, en vue d’être acceptées, dans la simplicité, l’humilité. Sachons alors être dans un juste milieu, sans débordement, dans le déconditonnement de certaines croyances, un masculin/féminin respectif qui pourrait se rejoindre.. le rêve ! Merci.
C’est vraiment très très bien dit.
Merci pour ce joli article, qui devrait aider à un peu de bienveillance envers certains qui n’ont pas toujours été assez charmants, assez parfaits mais qui ont peut être le super pouvoir de nous pardonner de n’être pas toujours assez charmante, assez parfaite non plus…
Une fois de plus encore merci pour votre éclairage si particulier sur les choses de la vie…