Chère lectrice, cher lecteur,
À un dîner, la semaine dernière, je me retrouve assis à côté d’un ancien cadre de Monsanto.
Inévitablement, la conversation arrive sur les OGM, le Round-Up, etc.
Mais cet homme, très sympathique et intelligent, répond en souriant :
– « Monsanto, ce sont des commerçants… Ils ont des milliers de graines en catalogue. Et ils vous vendent celles que vous voulez ! Si vous voulez des espèces anciennes, délicieuses, ils les ont. Il suffit de demander. »
– « Oui, mais alors pourquoi les tomates, elles n’ont plus de goût ? », interroge un convive.
– « C’est les supermarchés ! Ils veulent des tomates rondes, rouges, dures, calibrées, qui restent des semaines dans les entrepôts et les rayons. Ils commandent ça aux agriculteurs. Tout le monde sait que c’est mauvais, mais y a pas le choix. »
Cela m’a rappelé une conversation récente avec un ancien agriculteur de Lorraine. Il avait tout abandonné pour se lancer dans… le marketing :
« L’agriculture en France, c’est fini. J’aurais pu produire de bonnes pommes ; mais il aurait fallu les vendre 15 euros le kilo… Impossible ! Les gens, ils veulent pas payer plus de 2 ou 3 euros…
Par contre, la pomme coupée en petits bouts et mise dans un gobelet en plastique avec un raisin, un quartier de mandarine, un bout d’ananas, de la poire pas mûre et un peu d’eau sucrée, ils l’achètent 30 euros le kilo au rayon « frais prêt à manger » dans les gares, les kiosques, les supérettes… C’est ça qu’il faut faire… »
Et, de fait, il est facile d’accuser les supermarchés, les commerçants, les multinationales…
La question est de savoir pourquoi nous, les consommateurs, avons pris l’habitude d’acheter de la malbouffe hors de prix, y compris dans les rayons « produits frais » des magasins.
Quand j’étais petit, il n’y avait pas de boutique dans les gares. Tout au plus un « buffet », déprimant, généralement… fermé.
Le grand plaisir quand nous partions en voyage en train, c’était d’ouvrir le sac à pique-nique où ma mère avait mis toutes sortes de produits délicieux. Du bon pain frais avec de la laitue croquante, du beurre de Normandie, de belles tranches de jambon à l’os, un généreux morceau d’emmental, une boîte avec une bonne salade assaisonnée de citron et d’huile d’olive, des biscuits secs qu’elle nous avait préparés et mis dans une boîte en fer, un Thermos de café.
Tout le monde faisait de même et l’ambiance était excellente dans le compartiment quand chacun ouvrait son cabat. On partageait, on échangeait, on se complimentait et c’était l’occasion de faire connaissance, de discuter, de comparer les bonnes recettes. L’idée d’aller acheter un pique-nique à 8 ou 10 euros (50 ou 60 francs à l’époque) composé d’un soda, d’un paquet de chips, d’un brownie sous cellophane et d’un mauvais sandwich industriel nous aurait paru répugnante et, pour tout dire, immorale.
Plus encore, jamais nous n’aurions accepté de payer un prix disproportionné pour un récipient en plastique transparent garni de quelques carottes râpées sèches, de grains de maïs en boîte, d’une rondelle de tomate sans goût, de trois dés de féta, d’une salade aqueuse et d’un petit sachet en plastique contenant une vinaigrette artificielle :
Que s’est-il passé ? Pourquoi les gens continuent-ils à accepter cela alors qu’ils savent que ce n’est pas bon, et trop cher ??
La réponse est simple, mais elle est triste.
Si nous cédons à la facilité du « prêt-à-manger », c’est parce que nous n’avons plus le temps ni, surtout, plus l’énergie mentale de nous soucier d’avance de notre nourriture.
Accablés par les soucis, poursuivis par les échéances, toujours pressés, le smartphone à la main qui bipe et qui vibre, prévoir et prendre le temps de nous faire de bonnes choses à manger ne nous est tout simplement plus possible.
Nous préférons attraper ces mauvais produits dans un rayon, tendre notre carte de crédit, avaler ce que nous pouvons, puis jeter le sac (énorme) de tous les emballages, couverts en plastique, serviettes en papier qui constituaient au fond l’essentiel du volume de ces faux pique-niques.
La priorité, donc, est de reconsidérer nos vies pour comprendre pourquoi nous ne prenons pas plus soin de nous-mêmes, de nos enfants, de notre entourage, de notre table et de nos estomacs.
Soyons sûrs que, le jour où nous recommencerons collectivement à mettre notre argent dans de bons produits de qualité, les vendeurs de salades en plastique feront faillite !
Alors voici : j’aimerais vous lancer un défi.
Lors de votre prochain voyage, n’attrapez pas une salade toute préparée dans un kiosque avant de vous jeter dans le train. Prenez le temps de préparer votre pique-nique avec de bons produits du terroir, de qualité, bio, des spécialités que vous aimez.
Mes sandwichs préférés étaient ceux à l’omelette, au gruyère et au poivre. Vous avez certainement vos propres bons souvenirs d’enfance.
Faites-vous un bon Thermos de thé vert à la menthe et prenez une bouteille d’eau achetée 80 centimes en magasin (et non 4 euros dans le train !).
Installez-vous confortablement dans le train et attendez l’heure de manger, si vous pouvez.
Votre voyage passera plus vite et plus agréablement, vous arriverez bien restauré, et vous aurez du mal à ré-acheter une salade de TGV. Et peut-être aurez-vous un voisin “pique-niqueur” avec qui vous pourrez échanger un regard et un sourire complices, et engager conversation ?!
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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Le probleme du manque de temps est une argutie pour justifier notre paresse. En verite, il nous faudra descendre tres bas pour realiser l’inanite de nos comportements, car embarquer dans un train avec 1 kg de fruits, 2 barres de chocolat noir est a la portee de chacun. Les ecologistes français sont existants, alors continuons a vivre dans nos poubelles, a jeter tout et n’importe quoi et a manger de la m….
Pour la bouteille d’eau, mieux vaut encore se remplir une bouteille en verre ou en métal réutilisable à l’eau (presque gratuite) du robinet. Ça diminuera les déchets (soi-disant) recyclables d’autant…
Là, franchement, Monsieur Dupuis, c’est vous qui acceptez ce genre de phrase : « Monsanto, ce sont des commerçants… Ils ont des milliers de graines en catalogue. Et ils vous vendent celles que vous voulez ! Si vous voulez des espèces anciennes, délicieuses, ils les ont. Il suffit de demander » ? Pour une fois, je me dois de dire quelque chose. Ne trouvez-vous pas étrange que le roi des OGM conserve des milliers de graines naturelles en catalogue ? Alors que les paysans n’avaient, jusqu’à peu de temps, plus le droit de garder ou de vendre leur propres semences… Lire la suite »
Oui, et il serait bien également de supprimer cette bouteille d’eau, une petite gourde dans le sac avec de l’eau du robinet serait plus judicieux…
Je voulais rajouter mes 6 sous de blabla en disant vous raconter votre histoire à des gens déjà convaincus de ce que vous dites… Mais peut être que je m’étais trompée. Apres lecture de certains commentaires, je dirais ce que je dis à beaucoup: Nous avons tous 24h dans nos journées et nous faisons ce que nous voulons de ces 24h. On travaille moins, on a toutes les machines pour tout faire et on a encore moins le temps qu’au début du 20eme siècle pour se faire à manger ?!! Je vis en décroissance, je ne cours ni après un… Lire la suite »
bonjour,
j’avais demandé ,en tant qu’agriculteur, en 2002, pour voir, le catalogue de semences de monsanto….j’ai eu un refus, quasiment “secret defense”. votre interlocuteur s’est moqué de vous…Il n’y a pas de disponibilité publique de leur réserve !
Voir Kokopelli