L’organe le plus attaqué par la vie moderne

Les campagnes antitabac sont présentées comme l’alpha et l’oméga de la lutte contre le cancer des poumons.

Aucune taxation supplémentaire, aucun affichage publicitaire horrible ne sont épargnés aux fumeurs.

Pourtant, la vie dans les gaz d’échappement, les particules fines, la pollution atmosphérique, les effluves de toxiques en tout genre produits par l’industrie, infligent à nos poumons des dégâts considérables. Nous sommes tous concernés, fumeurs ou non !

Se protéger les poumons grâce aux antioxydants

En 1996, une étude a montré que les fumeurs qui prenaient des compléments alimentaires de bêtacarotène artificiel avaient plus de risques de développer des cancers du poumon [1]. Le bêtacarotène est un antioxydant présent dans les légumes et fruits de couleur.

Cette étude a servi de prétexte à une attaque en règle contre les compléments alimentaires. Enfin, on tenait la preuve qu’ils étaient dangereux !

Peu importe que cette étude se soit appuyée sur un produit de synthèse qui, agissant de façon isolée et à haute dose, peut se transformer en radicaux libres et interférer avec l’absorption du bêtacarotène naturel.

Elle a suffi à stopper pour des années toute recherche sur le rôle de la nutrition dans la prévention du cancer. Puisqu’on avait une indication que ce nutriment-là était dangereux, il y avait lieu de se tenir à distance de tous les autres !

La nutrition est la première barrière de protection contre les maladies

Pourtant, dans le cancer comme dans toutes les maladies chroniques, ignorer la nutrition n’a aucun sens, et ne peut pas vous aider à rester en bonne santé.

Les légumes qui contiennent un ensemble de caroténoïdes comme la lutéine, le lycopène (qui donnent les couleurs jaune, orange, rouge comme dans la tomate), et pas uniquement du bêtacarotène, aident à prévenir le cancer.

En l’occurrence, une nouvelle étude de l’université Johns-Hopkins de Baltimore a étudié la fonction pulmonaire et le régime de 650 adultes en 2002, puis en 2012.

Ils ont constaté que les personnes qui mangeaient des tomates tous les jours conservaient une meilleure capacité pulmonaire. L’effet était d’autant plus fort chez les anciens fumeurs, indiquant que les nutriments peuvent aider à réparer les dégâts faits dans les poumons par la cigarette.

Manger des légumes et fruits colorés est particulièrement important si vous vivez dans une zone à forte pollution atmosphérique, et plus encore si vous fumez.

Mon conseil est de :

1) Manger 6 à 8 portions de légumes et fruits frais par jour.

2) Inclure des tomates biologiques dans votre alimentation : le lycopène des tomates est libéré pendant la cuisson. Vous pouvez donc manger vos tomates hors saison, sous forme de coulis ou de conserves (les conserves sont cuites).

3) Si vous êtes fumeur ou ancien fumeur, demandez à votre médecin de vous prescrire chaque année un CT-scanner à faible dose. C’est un excellent moyen de détecter le cancer du poumon à un stade précoce, lorsqu’il peut encore être soigné.

4) Prendre jusqu’à 10 000 UI de vitamine D par jour. Je recommande habituellement 1 500 UI par jour mais les études ont révélé que la vitamine D est absolument sans danger jusqu’à 10 000 UI ; son effet anti-cancer est particulièrement nécessaire chez les fumeurs et anciens fumeurs pour qui les risques de contracter tous les cancers sont plus élevés.

Les effets du tabac

Ne désespérez pas de vous protéger contre le cancer, même si vous avez fumé pendant des années ou des décennies.

En effet, le tabac met lui-même des décennies à provoquer les mutations dans l’ADN qui entraîneront un cancer.

Nos corps ont été habitués au cours des millénaires à vivre dans l’atmosphère enfumée des huttes, des tipis, ou d’ailleurs encore des chaumières où la plupart de nos ancêtres vivaient encore il y a 150 ans.

Nous avons des mécanismes de détoxification puissants qui nous protègent, à partir du moment où nous leur apporterons les ingrédients nécessaires (les antioxydants) dans notre alimentation.

Chaque cigarette abîme l’ADN de nombreuses cellules des poumons, mais c’est l’accumulation des dégâts dans la même cellule qui finit par rendre celle-ci cancéreuse.

Cela met du temps, et une stratégie nutritionnelle qui s’inscrit sur le long terme est elle aussi logique pour réparer les problèmes.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

Sources de cette lettre :

[1] http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejm199605023341802